Comment fais-tu de si loin,
Pour tenir encore mes mains ?
Comment fais-tu avec si peu,
Pour faire toujours sourire mes yeux ?

Je n'y comprends rien, aide-moi...
Sur chacun de mes tableaux, chacun de mes desseins, ton ombre projette l'avenir qui m'est destiné mais dont le fil du temps m'éloigne. Comme un bateau perdu qui se dirige entêté vers le reflet d'un phare qui brille dans son dos...

Mes émotions et mon coeur sont écrasés dans ce poing que tu as mis dans ta poche, serré, scellé par les erreurs d'un autre !

Le soleil ne se lève plus vraiment, comme si ce mont de regrets l'empêchait d'atteindre son zénith ! Ici, juste là, sous la fatalité, règne une fragilité. Un vide... un plongeon sans fin vêtu d'un linceul.

Mes pas s'enchaînent telle la routine assommante d'un robinet qui s'égoutte. Je souris aussi... mais plus si bien...et je ris bien sûr, mais plus si fort.

Tu vis dans mon sang. Ni les tentations de la vie, ni les vertus de la nature, ni même la mort y peut changer quelque chose. Je te sens me parcourir les veines, entraînant avec toi la fougue d'un cheval sauvage dont le seul souhait est de sortir de cette prison.

Le vide s'embrase et fait naître un printemps à la seule image de ton regard qui s'écrase dans le mien.

Idéalisation, utopie, manque de courage ou lâcheté ? Je l'ignore. Simplement j'ai dans le sang ce cheval sauvage qui chamboule mon rythme à chacun de ses galops, lancés par tes yeux. Tes yeux, c'est un monde qui s'ouvre à qui veut bien y entrer une fleur à la main. Un calice au pays des merveilles. Il brille sans arrêt là où plus rien n'a de sens.

Ces yeux c'était mon monde. Me voilà en orbite d'une terre que j'ai foulée hier et que j'espère rejoindre demain, enfin...si demain n'est pas trop loin.