Dans le Grenier
20 ans, déjà, 20 ans... que le grenier attend,
Et voilà le printemps, le soleil éclatant.
Au dehors, les enfants poursuivent en riant
Un canard balançant son plumage brillant.
Le bois des marches craque et des grains de poussières
S'élèvent qui détraquent les rais de la lumière.
Les oublis qu'on réveille ont parfois cette odeur
Lancinante, irréelle de longs parfums moqueurs :
Ton suicide et la fin abrupte de l'enfance
M'attirent ce matin dans l'étrange ambiance
De ces cartons fermés et de meubles couverts.
Combien de larmes y a mon père pu tant verser ?
Je revois les lilas, ton visage émacié ;
Ce bol, je le connais : tu me l'avais offert.
Aubépin des Ardrets
Écrit par AdA
Mais avant de goûter
La chaleur de la chair Je veux être hébété D'esprit tranchant et clair Catégorie : Divers
Publié le 24/03/2019
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Commentaires
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Posté le 24/03/2019 à 09:20:10
Je compatis à votre peine qui a dû être immense, Aubépin, à la perte de l'être irremplaçable. Je reçois votre poème avec respect, et l'émotion submerge ma lecture. J'ajoute : merci pour votre confidence poétique. :) |
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jacou |
Posté le 24/03/2019 à 10:14:11
merci chaque souffrance est à la mesure de l'être et ne peut être comparée un bol un parfum le suicide semble être à la fois courage et lâcheté mais quand l'heure est venue, elle ne prévient pas j'ai trop à dire sur le sujet |
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marinette |
Posté le 24/03/2019 à 20:25:21
Il est insoutenable ce texte ! Et certains passages sont juste bouleversants : "la fin abrupte de l'enfance " Courage Ada ! |
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Yuba |
Posté le 24/03/2019 à 23:18:28
Votre poème est beau et si tragique. Il véhicule des émotions intimes et terribles... Merci AdA, pour ce partage. |
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isabelle64 |
Posté le 25/03/2019 à 01:59:42
La poésie rapproche des univers distants et nous fait rappeller notre commune condition d' humains fragiles. Je ne trouve pas d'autres mots en lisant ce poème qui me bouleverse Ada. | |
galatea belga |
Posté le 25/03/2019 à 09:40:49
@jacou Merci pour cette lecture. Tous les textes, même les plus anodins, sont une confidence ;-) @marinette Merci pour ce commentaire. Nulle comparaison n'est, en effet, possible, en matière de souffrance, tant celle-ci est affaire personnelle et intime, à l'instar, d'ailleurs, de l'expression de celle-ci. Un bol n'est rien, bien sûr, et pourtant, emballé dans de nombreuses couches de papier journal, il n'en reste pas moins immédiatement identifiable ("Parce que c'était lui, parce que c'était moi, parce que c'était elle"), pas parce qu'il s'agit d'un bol, mais parce qu'il s'agit de matinées où l'enfant se sent aimé par sa mère qui le regarde être heureux d'être avec elle heureuse (a du moins l'impression l'enfant - les adultes savent si bien contrefaire la joie et la sérénité face à l'enfance...). Quant au suicide : fils et petit-fils de suicidées, il y a tant à dire et pourtant si peu de choses, sinon des questions, en foule, mais une question, surtout, a-mère, dans mon cas : n'étais-je pas important ? Et puis un constat : celui de l'irréversibilité... @Yuba Merci d'avoir finalement soutenu ce texte. Le courage ne vaut rien face à la mort, seuls le rire et la tristesse peuvent être de mise. @isabelle64 Merci pour cette lecture. Émotions et impressions qui sont aussi un partage, comme vous le soulignez si justement. @galatea belga Plus que la poésie, ce sont, je crois, ces inexpliquables "Wahlverwandschaften" (affinités électives) et les résonnances, qui rapprochent certains univers et abolissent les distances. Heureux de vous retrouver ici. Merci. |
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AdA |
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