je me suis souvent vu écrire la dernière lettre ,
par chagrin par dépit ou par orgueil peut-être ,
une lettre où j'adresserai à mes quelques amis ,
quelques précieux conseils pour réussir leur vie .

Et mes précieux conseils ne s'ront jamais pédants ,
ne seront pas frappés du sceau de l'indécent ,
j'afficherai mon mal-être comme une ultime excuse ,
comme un bateau coincé dans l'cours d'eau sans écluse .

Et bien sûr mes amis se demanderont pourquoi ,
peut-être sentiront-ils ,oui qui sait ,quelque émoi ,
Et moi je n'entendrais pas leurs pensées intimes ,
je s'rais déjà perdu dans quelque vide infime .

A l'ombre d'Atropos ,dans une nuit sans rêve ,
Je m'inventerais ,heureux ,une éternelle trêve ,
ce sera mieux ainsi ,eux vivants et moi mort ,
eux qui pensent à la vie ,et enfin moi qui dort .

Mais Atropos aura un terrible adversaire ,
avant que mon esprit ne retourne à la terre ,
car au fond de mon coeur ,il reste de l'espoir ,
et ma mort ,non ma mort ,elle n'est pas pour ce soir .