Elle se prénommait Josiane et demeurait muette,
Depuis que la lune l'avait regardée ce soir-là.
Sur le rivage elle vit son aimé vers l'au-delà,
Cet horizon qui blesse les enfances discrètes.
Fleurs d'équinoxe sur des oublis évanescents,
Elle devint autre pour s'enfuir dans un rêve,
Un palais d'où elle pouvait voir où s'achève
Son rêve de le revoir enfin seul et innocent.
Elle l'attend depuis des siècles sur le seuil
Du domaine où jadis leurs ébats furent joyeux,
Entre deux baisers sucrés et l'étrange écueil,
D'un monde implacable pour les amants heureux.
Désormais l'arachnide frôle la vieille poupée,
Et des lettres jaunies s'entassent sur le soir,
Fleurs d'équinoxe sur une existence découpée,
Qui ramasse les miettes d'un insoluble espoir.
Elle avançait comme une âme diaphane, fébrile,
Ecoutant les murmures des esprits de la nuit,
Aux parfums désespérés des errances de l'ennui,
Elle préférait les sons de ses humeurs labiles.
Des pas de chevaux sur le chemin des platanes,
La remplissaient d'un espoir vif et indicible,
Elle croyait percevoir sa silhouette diaphane
Dans l'entrebâillement d'un soupir impossible.
La guerre n'avait aucun sens, sous le soleil
Perlaient les gouttes de sueur des voyageurs,
On voyait des enfants jouer vifs et songeurs,
Mais tristes quand le jour avait été pareil.
Elle se prénommait Josiane et parlait très peu,
Des souvenirs fugaces au crépuscule déjà mort,
Se prémunissant contre les forts coups du sort,
Il en aurait fallu pu pour qu'ils fussent deux.
Dehors la pluie tambourinait sur les terrasses,
Le chat semblait perdu dans quelque rêve félin,
Là-bas virevoltaient les ombres et les rapaces,
Et elle caressait son visage sur l'ocre opalin.
Pas une lettre n'avait transpercé les murailles,
Que déjà elle devina ses pas sur le fin gravier,
Elle soignerait ses si douloureuses entrailles,
Lovée contre sa peau pour un temps, en rêver !
C'était une fleur d'équinoxe qui se desséchait,
Et qui n'attendait qu'une forme tel un messie,
Et lui perdu dans un mauvais rêve était assis,
Tous les deux se reverrait, sur l'arbre perchés.
Comme lorsqu'ils étaient enfants dans les bois,
Cherchant quelque trésor des croisés de naguère,
Et revenant salis par les buissons, les fougères,
Pour eux c'était une quête de rires et de joies.
OR
Écrit par Alphaesia
"Le rêve est une folie passagère, et la folie est un rêve qui n'en finit pas !" Arthur Schopenhauer
Catégorie : Amour
Publié le 03/04/2020
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Quelle belle sensibilité a Josiane ! Elle me rappelle celle d'Aloïse, dans la bd poétique "Enferme-moi si tu peux". Voici un extrait de sa pensée : "Les sans-soucis de vert clair et de jaune, le jaune est beau pour les rideaux... De fleurs qui éclairent le ciel comme des prés... La musique entre dans l'église par les nuées d'oiseaux de vent. L'empereur est là sur les chevaux de neige, ils emportent l'amour rouge". Merci de cette très fine poésie Olivier, j'aime tous les êtres qui vivent dans leur bulle dont vous parlez souvent... |
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Ombellune |
Bonsoir, Cet Horizon qui blesse les enfances discrètes Et qu'Elle regarde en Quête … Elle attend .. Belle Histoire ! ça touche .. Qu'est devenue la Fleur d'Equinoxe ? Lys-Clea |
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Lys-Clea |
Merci ombellune et Lys-Clea. Je suis ravi que vous appréciez ces êtres ombellune, ils sont un peu mes enfants... Elle s'est inscrite dans une toile, une huile, quelque part affichée sur un vieux mur Lys-Clea. |
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Alphaesia |