Ses états d'âme étaient tels, une lagune isolée ;
Sur laquelle venait s'échouer ce deuil ténébreux.
Et ses yeux s'étaient mués en un grand mausolée,
Où venaient se recueillir des enfants silencieux.
Son image la hantait comme un soleil les brumes
Que l'on ne peut dissiper sans un coup de coeur,
Un fantôme amoureux dans une étreinte posthume,
Venait balayer le mauvais courant des rancoeurs.
Le miroir se désintégrait dans le si doux minuit,
Ne restait que la vague politesse d'un songe ému,
Cercueil éphémère au regard d'un espoir entendu,
Promesse devant les esprits langoureux de la nuit.
Elle se farda sans conviction devant son reflet,
Etincelant mais blême comme d'un lac la surface,
Elle aurait voulu y déceler les traits si vivaces
De celui dont l'essence même avait été soufflée !
Et s'oublier dans ses contemplations souterraines
Parfois nuancées par des baisers fruités de mai,
Scories d'une saison où s'esquissait sa peine,
De voir le temps juger de ces heures à jamais.
Ses états d'âme étaient tels, une île esseulée ;
Sur laquelle venait se répandre ce deuil aphone.
L'indicible était promise à ce grand mausolée,
Où venait se recueillir son amant en personne.
Aucune trahison dans les grands ébats du soir,
Juste la délicate cicatrisation d'une blessure,
Les révérences tendres indécelables de l'espoir
Venant combler des amours meurtries la fissure.
Une si vaste maison sans un lieu pour le prier,
Sans un espace pour chercher sa chair spectrale ;
Juste l'occasion de vivre en une issue théâtrale.
Et au salon des enfants insouciants en riaient.
Elle était si belle dans sa peine comme une reine
Que l'on aurait oubliée sur son trône larmoyant,
Une souveraine miséreuse qui sans cesse l'attend,
Elle n'était qu'une image, délicieuse à jamais.
Alpheasia
Écrit par Alphaesia
"Le rêve est une folie passagère, et la folie est un rêve qui n'en finit pas !" Arthur Schopenhauer
Catégorie : Triste
Publié le 10/09/2020
|
Poème Précédent | Poème Suivant |
Triste à découvrir... | Poèmes de Alphaesia au hasard |
Annonces Google |
Bonjour, Les années vingts , c'était la période des années folles. Une certaine classe de la société s'amusait beaucoup et les femmes étaient légères et frivoles. Mais pas votre rêveuse. Votre poème est charmant. Merci à vous. |
|
Iloamys |
"Rêveuse, pour que je plonge..."(Mallarmé), je vous remercie de publier ici, c'est une belle aération ! | |
jacou |
Merci Iloamys et jacou. Dans ce poème il y a une certaine idée du deuil, de l'amour, de l'ombre et des contradictions qui sont en chacun de nous... | |
Alphaesia |
C'est probablement cela que vous appelez "indécelables" dans votre bel écrit, vécu ? Olivier, revenez bientôt avec de nouveaux délices d'expression ! | |
jacou |
Ma préférence va à la cinquième strophe (vraiment superbe) et aux deux premiers vers de la dernière strophe. Un écrit de bien belle facture. Merci à vous. Amitiés |
|
Syntax_Error |
Merci Syntax_Error, c'est peut-être parce que je "vis" véritablement mes poèmes, d'une certaine manière... Merci encore jacou, non ce n'est pas un vécu, en tous cas pas que je sache. Mes poèmes sont souvent des hommages, que je veux élaborés, à des êtres situés dans un contexte historique et affectif bien particulier... |
|
Alphaesia |
Un portrait intérieur sublime, d'une sensibilité authentique. Je l'ai vraiment apprécie, merci! |
|
Matriochka |
Merci beaucoup Matriochka, c'est en effet un portrait, un portrait que je me devais de peindre ainsi... | |
Alphaesia |
Le deuil de l'être aimé est ici sublimé. | |
scyles |
Un sujet qui revêt une grande importance pour moi... | |
Alphaesia |
Annonces Google |