Deux cygnes à la dérive, chahutés par les flots
tiennent au dessus de l'eau,leurs blanches encolures..
aspirés par le large, loin du nid de roseaux
ils faneront bientôt aux sombres encablures..

La mer a pris de nuit l'étang lagunaire
forçant un bras de sable, jetant ses ponts d'eau
sur les rives endormies, les sages roselières
les tamaris ballants réveillés en sursaut..

Elle a percé le voile de frustrants mystères
goûté les infusoires,la vase de poissons doux,
aux carpes d'eau saumâtre a déclaré la guerre,
déployant avec force ses chasses de loups..

Au matin elle paraît douce et tranquille,
fourbe d'un bleu innocent..
un nouveau paysage, une forêt de presqu'îles
hérisse la plage d'un derme arborescent..

Une curieuse échine d'enchevêtrements,
filtre un vent musical et les pleurs de rivière,
de cannes provençales cueillies sauvagement,
suintant le sel blanc d'une autre sablière..

Au prochain coup la mer,prendra les oiseaux..
lassée de goélands, de mouettes loyales
les aigrettes aussi,surtout il les lui faut..
et la foulque d'eau noire, le buzard des roseaux...