Adolescente, je raffolais
De plaisirs simples et forains,
L'un, entre tous, m'affolait
Et je m'y adonnais sans frein.
Sur une piste de billard
Baignée de disco tapageuse,
Dans un décor laid et criard,
Glissaient les auto-tamponneuses.
Ayant payé ma dîme aux caisses
Je me glissais dans un bolide,
La banquette était dure aux fesses,
Mes genoux m'écrasaient le bide.
Et là, c'était parti pour faire
Des tours de piste, en louvoyant
Sous le plafond en fils de fer,
En évitant les assaillants.
Car, évidemment, les garçons
Voulaient tous me rentrer dedans…
Était-ce pour avoir un frisson
Ou provoquer un accident ?
On ne faisait pas de constat
Quand on se heurtait de plein fouet,
On repartait et puis, basta !
Nos autos n'étaient que jouets.
D'heurts en heurts, la brutalité
De ces gamins m'ont rendue sage
Et j'ai compris la gratuité
De ces futiles emboutissages.
Adulte, j'en ai eu ma claque
De la conduite périlleuse.
Au volant de ma Cadillac,
J'ai la trajectoire soyeuse.
Écrit par Audrey Deroze
Catégorie : Social
Publié le 29/08/2022
|
Poème Précédent | Poème Suivant |
Social à découvrir... | Poèmes de Audrey Deroze au hasard |
Annonces Google |
Magnifique poème. D'un art fin et maitrisé. J'ai aimé cette lecture aux accents d'antan. Bienvenue à vous. |
|
Syntax_Error |
Oui, l'adolescence passée on est moins électriques... Bienvenue sur le site |
|
Edelphe |
Merci à vous, Syntax_Error et Edelphe, je pense que les auto tamponneuses existent encore, avec des Tesla, peut-être ? | |
Audrey Deroze |
Tant que les auto-pilotes ne seront pas au point, on y aura droit. La version adulte des auto tamponneuses est le derby voiture (ou de démolition), une belle invention américaine où les gens s'amusent à se rentrer dedans avec des voitures taille réelle. Les jeux d'enfants donnent des idées aux adultes. |
|
Syntax_Error |
Bienvenue à vous, je reviendrai vers votre poème bientôt ! :) | |
jacou |
Texte doiderosien s'il en est : outre les quatrains octosyllabiques qui lui confèrent immanquablement une musicalité sautillante, sous l'apparente légèreté d'une fête foraine, de ses lumières et des coups de klaxons de ses manèges, le premier mot - adolescente - donne pourtant le ton et inscrit d'emblée le poème dans une complexité que le choix des mots - simples mais précis - semble néanmoins s'attacher à "dissimuler", comme dans la vie peut-être, pour ne pas trop effrayer. L'enfance est là bien sûr, mais l'adulte qui écrit et les adultes qui lisent comprennent et identifient toutes les ambiguïtés de l'adolescence ainsi mise en scène : Il y a, bien sûr, la notion de l'affollement et de l'excès ("sans frein"), et puis ces deux vers : "Car, évidemment, les garçons Voulaient tous me rentrer dedans..." Et l'on s'aperçoit aussi que, dans les bolides qui glissent et se heurtent sur la piste lisse, une autre dimension, plus systématique et systémique transparaît : la domination masculine : "D'heurts en heurts, la brutalité De ces gamins m'a rendue sage". Vient ensuite la chute, un brin désinvolte, de l'ordre du pied de nez, mais qui laisse néanmoins songeur : Adulte, Audrey est devenue "soie-même". Pardonnez mes considérations de comptoir (auxquelles je crois cependant, car ce texte mériterait sans doute plus encore;-). |
|
AdA |
Jacou, j'attends votre retour de lecture. AdA, merci, vous me comprenez mieux que moi-même ! |
|
Audrey Deroze |
Bonsoir, J'Aime beaucoup !! Et si On lit avec Attention sous les Lignes, on rejoint ( enfin pour ma Part ) la même Interprétation d'ADA .. Il le formule si bien, d'Ailleurs ! :) Et Bons Souvenirs toutefois à tous Celles et Ceux qui se sont heurtés à ces Autos-là !!! :):) BRAVO pour le Partage, LyS .. |
|
Lys-Clea |
Génial ! J'adore !...8) Bonne soirée / journée ! Roger |
|
rogertibart |
Annonces Google |