Mes doigts sont baguettes au tambourin battant
Du bureau en chêne de la pièce assombrie,
En bourreau enchaîné, assassin de Satan
J'ai fait de mon salut un tas de vieux débris.
Mes doigts rythment les jours dans ma geôle funeste
Délitant la peinture en des lambeaux fébriles
Comme s'égrainent aussi mes pensées peu fertiles
Mes yeux s'absentent alors vers des lieux plus célestes.
Je n'ai gagné je crois qu'une place en enfer
Aux côtés de mon roi qui m'offrit pour paiement
Qu'une lente agonie, oh merci Lucifer
Pour mon éternité à regretter gaiement
Si possible mon crime et les peines causées
Par la triste folie de mon cœur névrosé.
Et mon mesquin comparse en cette pièce vide
Quand mon regard se perd vers les lueurs des villes
Que mon corps se souvient des chaleurs de ces filles
S'invite au jour fuyant où tout semblait limpide.
Mon compagnon d'un soir de sa voix rocailleuse
Me rappela bien sûr que je n'ai pas le droit
A cet apaisement que je cherche avec foi
Mais que j'aurai sans fin ces pulsions fastidieuses.
Et pour quel crime alors paie-je donc le fardeau
De vivre sans mourir, voguant sur mon radeau
Si je le savais oui, ça serait comme enfin
Voir dans l'épais brouillard l'horizon de ma fin.
Ai-je vendu mon âme à une belle cause
J'aimerais le penser mais cette porte est close
Satan n'en a rien fait car j'ai conclu un pacte
Je voudrais toutefois savoir si par mes actes
J'ai commis l'infamie de lui avoir ôté
A la belle Lulia sa précieuse beauté.
Qu'ai-je fait de si laid pour que ma tête flanche
Pour qu'au soupir des nuits mon angoisse déclenche
Des visions de douleur dans des formes connues
Celles de pâles corps de quelques ingénues.