Crier du silence

Tu griffes de tes doigts un peu plus ébréchés
Le crépis des murs gris te servant de béquilles
Tentant de rassembler de ta vue les esquilles
Dédoublée par la soif d'un gosier asséché.

Tu ne sais du silence, enfin, ce qu'on en dit
Que des cris ponctués de leurs propres échos
La douleur des tempes prises dans un étau
Et la peur chaque jour dans ton cœur qui grandit.

Hurle fort ta folie, qu'elle soit ce typhon
Arrachant les derniers morceaux de ton esprit
Fais s'effriter les murs battis de leur mépris
Qu'ils entendent aussi ce fracas si profond.

Mais la tempête gronde et ce n'est pas la tienne
Tel pisser face au vent, ravalant en sourdine
Tes hurlements de trop dans ta bouche mutine
Comme une prière perdant sa foi chrétienne.

Alors marche, marche, sur les cendres amères
Des cris étouffés par tes lèvres engourdies,
Que la chape de plomb sur ton dos alourdi
Te soit comme l'ultime étreinte d'une mère.

Crier du silence
Au bas mot