Mes frères, nous avons été trahis
N'ayant plus de membres ravis
Je ne peux qu'ainsi témoigner
L'abjecte traversée ainsi endurée.
Tassé dans une place plus exigüe,
Ils ont versé sur moi de la ciguë.
Je n'en suis pas mort pour autant,
Puisque maintenant fébrilement.
Je tente ici de dresser un appel.

Je devenais méfiant à toute avance
Que ces regards plein d'arrogance
Me tendaient avec trop d'assurance,
Pour que je leur accorde ma confiance.

J'ai grandi en oubliant cette trahison,
Bercé par les doux rayons de lumière.
J'oubliais cette secrète et unique prière
Que nous avions fait, mes frères, à l'unisson.

J'ai été fauché encore adolescent
Alors qu'intérieurement, je rage
De toute ma négligence, je nage
En pénitence je me noie lentement
Dans un jus blanc mon unique lit
Que vous, humain, avait rempli
Avant de votre sauvage appétit
M'engloutir adieu, mes frères,
Et sachez que je suis confrère
De toute rébellion même éloignée
De nos tendres champs de blés.