Il faut bien les protéger
Ces êtres si agiles !
Ils flattent notre pitié,
Parfois, sont reconnaissants.
Ils ont fait de longs voyages,
Egyptiens ou Persans,
Dans leur litière vanillée,
Ils ont droit à un logement.
Oui, nos chats sont des migrants.
Il faut bien les promener
Ces êtres si dociles !
Ils mendient notre pitié,
Sont toujours reconnaissants.
Ils ont fait de longs voyages,
De l'Articque à Ankara,
Dans leur niche molletonnée
Ils ont droit à un logement.
Oui, nos chiens sont des migrants .
Il faut bien les bichonner
Ces êtres si graciles !
Ils hennissent librement,
Sont toujours condescendants.
Ils ont fait de longs voyages,
D'Eurasie en Patagonie,
Dans leur beau box lambrissé,
Ils ont droit à un logement.
Oui, nos purs sangs sont des migrants.
Il faut bien les regarder
Ces êtres si futiles !
Ils sont pareils aux humains
Qui tournent toujours en vain.
Ils ont fait un long voyage,
Sous les rizières du Yuanyang,
Dans l'aquarium aseptisé,
Ils ont droits à un logement.
Oui, nos « bubble eyes » sont des migrants.
Il faut bien les délaisser
Ces êtres si inutiles !
On ne peut tout partager,
On a déjà assez donné.
Ils ont fait de beaux naufrages,
De Kaboul ou Madayas.
Si ce n'est leur piaule infâme,
Ils n'auront d'autres logements
Et n'ont qu'à lever le camp!
Écrit par Banniange
Il faut habiter le monde comme un poète
Catégorie : Politologie
Publié le 04/12/2019
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Une chanson d'automne amère pour les hommes faits migrants , tout est migration dans l'histoire humaine, avant fixation sur des terres accueillantes, puis fixité des regards de ceux qui ont trouvé leur place et qui ne veulent plus voir et se souvenir du passé… Mon frère humain : après toi ! | |
jacou |
C'est tellement dur de voir les camps de migrants, leurs conditions de vie. Personne ne devrait vivre cet Enfer. Et ton poème habile encore une fois suggère qu'à tout moment on peut basculer dans le racisme. C'est notre propre dignité humaine qui est bafouée si on rejette celle de l'autre. En tant qu'hommes nous nous devons de garder notre coeur bien ouvert et tenter d'oeuvrer pour un monde meilleur à chaque instant... Je pense que c'est la principale mission de tout un chacun sur Terre. Merci Banniange | |
Ombellune |
Que dire de plus ? La dernière strophe, cinglante et lapidaire, interroge nos consciences et appuie là où ça fait mal : Tous autant que nous sommes, en effet, nous déplorons le sort réservé aux migrants, et cependant nous avons du mal à entrevoir ce que nous pourrions bien faire à titre individuel pour leur apporter l'aide et l'accueil qui leur sont dus. C'est peut-être aussi pour cela que ce poème est nécessaire ... Et gardons-nous d'oublier qu'une partie des malheurs de ces gens, qui sont nos égaux, est causée par la surexploitation du vivant, entre la déforestation et la chasse d'espèces animales menacées, donc de graves déséquilibres qui entraînent l'appauvrissement des sols, et par conséquent des conflits "locaux" qui, à leur tour, poussent des centaines de milliers de gens à fuir leurs pays. Un poème salutaire, de nature à ouvrir de nombreux débats, certes. Puissions-nous réfléchir réellement à l'imbrication des causes de tels malheurs ! Vaste chantier ... |
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Ombrefeuille |
Merci à vous pour vos commentaires attentifs, à Ombrefeuille, bien sûr, cette réflexion poétique sur l'insoutenable légèreté de l'être n'a d'autres buts que de nous amener à une autre sur cette impuissance à aider nos semblables mais, par ailleurs à s'émouvoir du sort de nos fidèles compagnons quadrupèdes( non pas qu'ils ne méritent une attention de notre part mais gardons les proportions, que diable!). Les solutions à trouver sont collectives, on s'étonnera du peu d'altruisme dont font preuve nos états nantis...Beaucoup de personnes s'impliquent dans le sauvetage de ces victimes, il faut les saluer mais globalement la réponse que donne l'Europe à ces drames reste pour le moins bancale. | |
Banniange |