Sachez-le,

Je n'ai point nostalgie, mélancolie, regrets
D'un passé révolu ou d'un temps ancestral
Je suis de ce présent, converti au progrès
J'avoue, j'ai pour la vie, un amour viscéral.

Préparez l'échafaud, je suis libre penseur
J'ai l'âge de raison, mais pas de déraison
Je bannis les avis, de ces sombres censeurs
Ces puritains de morale et leurs oraisons.

Vous, pauvres esprits naïfs, qui lisez cet écrit
En vérité et je vous le dis, on vous ment
Vous le savez, connaissez, ce que je décris
Je ne fais pas de sermon et aucun serment !

Vous avez libre choix, liberté de choisir
Démocratie grand mot, plutôt ploutocratie
L'argent pour assouvir, vos désirs et plaisirs
Esclaves que vous êtes, d'inaptocratie !

Je,

Je ! Passager furtif sur la barque du temps
Quelques instants vécus, acteur et observateur
Ce Moi, suis-je un Dieu ? Ou simple mutant ?
Pourquoi suis-je ici ? L'œuvre d'un créateur ?

Je ! Ai-je un rôle à jouer ? Pour quel destin ?
Je ne peux nier ou renier, cet état
D'être cet animal, j'ai encore l'instinct
Cet instinct de survie, la vie est un combat !

Je ! Ai-je le choix ? Subir ou pouvoir surpasser
Le fleuve impétueux et cahoteux des ans
Qui coule, emportant mes souvenirs, ce passé
Si court et qui me mène droit vers mon néant !

Je ! Il faut aborder sur des terres inconnues
Défricher, semer et cultiver son esprit
La culture est un puits sans fond, un fruit charnu
Qu'il faut peler, manger, cela n'a pas de prix !

Je ! Cogito ergo sum ! Pour ne plus douter
Inné ou acquis ? Dois-je penser à ce dilemme
J'ai pris le parti et j'avoue de redouter
D'en trouver le sens et de briser cet emblème.

Prenez peur du loup,

Ouvrez la boîte de Pandore, que se déverse
Sur Terre, tous les maux, afin que toute vie
Soit protégée, car l'homme a fait grand commerce
De mort, pour contraindre des peuples asservis.

Comment pourrait-on croire encore à l'animal
Que l'on nomme humain, il n'y a point de mystère
Malgré des aspects trompeurs, perdure le mal
Comment changer la nature de la panthère ?

Homo homini lupus ! Prenez peur du loup
La bête qui rôde dans les contrées hantées
De vos âmes, en vous, sommeille un loup garou
Il a pris logis dans vos esprits tourmentés.

As-tu vraiment quitté ton état de sauvage ?
Tu as commis au nom du progrès, des carnages
Réduits les tiens, en esclavage, au servage
Evolues pour éviter de nouveaux ravages !

Prends gardes à toi ! Tu n'es pas l'égal des Dieux
Tu n'es que mortel, un fugace voyageur
Méfies-toi de ta folie, de tes actes odieux
Le temps à la mémoire, d'un spectre vengeur.

Si un jour, tu atteins un niveau de sagesse
Tu laisseras au bord du chemin, tes instincts
Primaires, pour savourer avec allégresse
Les sphères éthérées de ton nouveau destin.

L'écume des nuits,

Quand le noir s'éveille à la lueur de la nuit
Et que du sommeil mortel, d'un profond ennui
Sortent les créatures engendrées par le mal
Leurs ombres remuent sous la clarté fantomale.

Prenez peur malveillants ! Des tombeaux éventrés
Surgissent vos tourments, les rancœurs séquestrées
Au cœur de vos âmes, desquelles pourrissent
La haine et le dégoût, de vos vies destructrices.

Un monstre hideux va triturer dans les gouffres
De vos esprits, les secrets, à l'odeur de souffre
Que vous conservez, ces reliques sataniques
Funestes pensées, qui ont un goût d'arsenic.

Par des nuitées agitées, de gris cauchemars
Convulsent vos corps aigris, dans le tintamarre
De vos sueurs nocturnes, coulent le sang
Fielleux, d'un passé, aux relents angoissants.

Maudits ! Vous passerez sous les fourches caudines
Subir le courroux, point de mesures anodines
Un crime éternel, un procès sans appel
Le prix à payer, sous la lame d'un scalpel.

N'oubliez jamais, les regards de ces victimes
Ils sont les reflets de tous vos effrois intimes
Dans les contrées néfastes des délires malsains
Se transforment les destins, en fatals desseins.

Peu m'importe !

Peu m'importe de tomber un jour, dans l'oubli
Devant la mort, nul n'est meilleur, supérieur
Je n'ai ni regrets, ni remords, mon seul délit
C'est d'être un homme, l'imparfait voyageur !

J'ai pris au cours de cette vie, tant de chemins
Sinueux, rocailleux, toujours sur des terrains
Biscornus et tordus, très dur pour un gamin
De lutter, seul, contre des colosses d'airain !

Et oui ! J'ai mené mon combat, jamais perdant
Gagnant quelquefois, mais j'en ai payé le prix
Des coups bas des amis, aux avis discordants
Ressentant souvent, les regards noirs de mépris.

Avec ténacité, volonté, courage
J'ai bâti de mes mains, un rempart de romain
Protégeant à la fois, ma foi, mon ouvrage
Cela en déployant, des efforts surhumains.

Vous pouvez tous, me juger et me critiquer
M'assaillir de vos lazzis, de vos moqueries
Je prétends rien vous devoir, polémiquer
Pas pour moi ! Et j'en ris de vos fourberies.

Quand la mort viendra me cueillir dans le lit
Je penserai à vous, attendant la venue
De vos âmes, d'un cor de chasse, l'hallali
Sonnera, pour souhaiter la bienvenue.

Quo vadis ?

Un soleil enragé dans un univers parallèle
Un cauchemar dantesque dans un esprit neurosensoriel
Un éclair atomique dans un nuage psychédélique
Un ouragan de folie dans un ciel névrotique

Une tempête de sable dans un désert fantasmagorique
Un clair de lune poétique dans une nuit onirique
Un glaçon de chaleur dans un iceberg cannibale
Un courant marin dans un océan endoctrinal

Un météore de bulles dans un espace surnaturel
Un instant de néant dans un enclos intemporel
Un coup de canon dans un champ étoilé
Un arc-en-ciel de couleurs noires dans un tombeau spiralé !

Que se passe-t-il ? Je perds la raison !
Un vent exacerbé dans l'esprit, je suis en crevaison ?
Les mots n'ont plus de sens, je suis en naufrage
J'écume une bave en des flocons de rage

Mon regard divague et erre sur des chemins de fer
Il pleut des larmes de rouille sur mes cernes calorifères
Un froid amazonien dans une forêt d'arbres de métal
Coule le long de mes bras aux branches azimutales

Dois-je faire ? Dois-je me transfigurer ?
Enlever les hameçons de mon âme et me défigurer
Ouvrir les portes de mes entrailles et livrer bataille
Pour finir empaillé comme un épouvantail ?

Solennel,

Je suis ce Je, ce moi, cet égo personnel
J'ai souvent cette envie, cet élan fraternel
De retourner enfin, vers des bras maternels
Revenir enfant, sous des yeux paternels.

J'ai vécu jadis, d'amour passionnel
Recherchant chaque fois, de doux plaisirs charnels
Mais au fond, c'est toujours, la même ritournelle
Céder aux atours, d'une belle péronnelle.

Que dire de ma vie, rien d'exceptionnel
J'ai eu des joies et des chocs émotionnels
Supporté, sur des aspects conventionnels
Les affronts et sarcasmes relationnels.

J'ai cru comme beaucoup, au discours éternel
Qu'il faut être parfait, roman sempiternel
Dicté par des préceptes traditionnels
Ne laissant pas de place à l'occasionnel.

J'ai voulu vivre ces années, en sentinelle
A fuir les folies, d'un monde criminel
Revenir aux sens du passé originel
En évitant les troubles confusionnels.

J'ai subi, les conflits générationnels
Jugé, selon des critères fonctionnels
Malgré ce mépris, je reste rationnel
Et fier de mon parcours professionnel.

L'indifférence,

Il m'arrive parfois d'avoir ce sentiment
Profond et durable, de me sentir seulet
Mais je ne prends pas cela pour un châtiment
Ni même le besoin d'en écrire un pamphlet.

Je prends un certain plaisir à la solitude
De me retrouver face à moi-même, personne
Autour ou près de moi, j'aime cette habitude
A m'isoler de la foule si monotone.

Le choix de pouvoir s'évader, se ressourcer
Loin du tumulte et de la fureur de nos villes
Je pars sur les chemins de ma vie, traversée
Si personnelle, un peu vécue comme une idylle.

J'ai un vrai coup de gueule, c'est l'indifférence
Supporter la morgue, le mépris de certains
La bêtise humaine, de leur ignorance
Et la suffisance de mes contemporains.

Alors je dis à tous ces pisse-froids, coincés
Du cœur, à ces moralisateurs et donneurs
De leçon en tout genre, avec vos airs pincés
Je lève le majeur et vous fait un bras d'honneur !

Écrit par CRO-MAGNON
Être doué en quelque chose, le talent se travaille mais le génie n'a aucune règle apprise et impose son style.
Catégorie : Amitié
Publié le 02/05/2017
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 02/05/2017 à 03:11:52
Beaucoup de questions tu as l'air de relativiser je pense.
eric
Posté le 02/05/2017 à 09:38:30
"Quo vadis", de tous ces agréables poèmes réunis en bouquet, a ma préférence : j'aime ces vers excédant aussi bien que la richesse du vocabulaire.
Le titre "Si !" se réfère je suppose à l'affirmation de soi.
jacou
Posté le 02/05/2017 à 17:19:45
Merci Eric, pas spécialement des questions.
CRO-MAGNON
Posté le 02/05/2017 à 17:22:16
Merci JACOU, un bouquet garni et fleuri.
CRO-MAGNON
Posté le 02/05/2017 à 21:58:45
J'aime ces écrits où le "je" prédomine donc toi! "Je" te dis bravo ! J'ai une préférence pour Peu m'importe et Solennel.
suane
Posté le 02/05/2017 à 22:07:42
Merci SUANE, ma plus fidèle commentatrice !
CRO-MAGNON
Posté le 03/05/2017 à 11:29:31
Un panel de poèmes aussi intéressant que les précédents cette fois-ci sous le vocable "JE".
TANGO
Posté le 03/05/2017 à 14:33:16
Merci Tango !
CRO-MAGNON
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