Si je devais te chercher, je ne saurais par où
Donc commencer, peut-être un asile de fous,
Sur fonds de mélopées, de rites païens ou vaudous,
Attendrai-je d'être prêt, attendrai-je d'être saoul ?

Pour souffler au fonds d'une bouteille vide,
Pour beugler sur le Temps et ses mauvaises rides,
A me lancer dans des monologues bien trop acides
Dévorant à eux seuls ce qu'il me reste de candide.

Je pourrai croupir dans cette prison si banale,
N'en sortir que pour des occasions jugées spéciales,
Me tenir éloigné du pire, du haut de mon piédestal,
Et régenter mon empire en dictateur sentimental.

Mais j'aurai raté tous ces embryons, ces esquisses,
Ces croquis incomplets, sans doute un peu trop lisses,
Qui douloureusement me préparaient, à Toi, latente complice,
A ce temps, presque parfait, où peu à peu tu t'immisces.

D'un velours furtif, d'un murmure sans promesse,
Dans l'échange hâtif d'un tumulte qui nous presse
A rester captif de nos impénétrables forteresses
A réprimer le sensitif comme une honte qu'on confesse.

Et même si c'est au vide qu'aujourd'hui je souris,
Je sens que tu me guides là où les autres ont fui,
Loin de ces terres arides, tu seras mon eau de vie,
Ma force placide, mon invitation à l'envie d'infini.

Au risque de passer pour un sot, au mieux un sombre crétin,
Que tu me tournes le dos quand j'aurai fait ma moitié du chemin,
Que tu me trouves moins beau, au réveil d'un nouveau matin,
Comme tous ces défauts qu'on ne tolère finalement que de loin.

Je signe ton pacte en sus de ses clauses invisibles,
Je passe à l'acte et m'expose en tant que cible,
N'esquivant plus les impacts dont tes yeux me criblent
Guéri de ma cataracte, je foule enfin les champs du possible...

03/04/2012