J'aurai dû survivre à cette épreuve,
Mais c'est sans méfiance que je me suis enfoncé,
Dans les remous traîtres de ce fleuve,
Qui me retiennent encore prisonnier.

J'ai cru mon corps suffisamment étanche,
Pour ne pas en endommager le moteur,
Peut-être les errances, ou bien les nuits blanches
Ont eu raison des sceaux qui protégeaient mon cœur.

Je croyais connaître les ruses de chacun de ses visages,
Leur beauté toujours plus grande, plus hypnotique,
J'ai cru pouvoir compter sur les secrets des plus sages,
Pour échapper à jamais à ses penchants sadiques.

Mais un seul contact, un seul sourire suffit
A briser ce qu'il nous reste de volonté,
De toutes nos batailles, il reste le pire ennemi,
Celui qui toujours revient, Celui qui n'en a jamais assez.

Maintes fois j'ai cru en venir à bout,
Couvert mon corps de ses trophées, méprisé sa foi,
Voilà qu'encore aujourd'hui, il se tient là, debout,
Mais j'ai encore en moi la force pour un nouveau combat.

Tu peux exorciser tous mes abysses, tous mes démons,
Même ceux dont tu nies l'essence, sans doute par honte,
Tu peux espérer ce que tu n'auras jamais, mon pardon,
Car c'est aussi le fruit de tes échecs qu'ici tu affrontes.

Rivaux de toujours, pourquoi tant d'acharnement ?
Laisse-moi traverser ton monde sans me retenir !
Pourquoi cette fois ci, ce serait différent ?
Laisse-moi traverser son monde, même sans souvenir !

Tu peux toujours rêver d'une nouvelle victoire,
Souffrir ne fait plus partie de mes phobies,
Une autre de mes morts ne t'apportera pas plus de gloire,
Tu n'auras plus de moi, ni aucune larme, ni aucun cri…

09/05/2005