Ma Vie tourne autour de moi,
Sans que je puisse en capter les courants,
Sans pour autant en être prisonnier,
Sans pour autant en être le geolier.

Je quitte mon lit pour respirer leur air,
Je quitte mon puits pour boire leur pluie,
Aucune pierre ne peut freiner mon évolution,
Aucun mur ne peut résister à ma faim.

Je vis avec ce que la nature m'apporte,
Comme haine, comme amour,
Je survis avec ce que l'homme me laisse,
Les ruines de son histoire, les déchets de sa folie.

J'aurai pu trouver mieux si le cœur m'en disait,
Encore aurait-il fallu que je le débaillonne,
Que je le laisse répandre en mes oreilles ses doux mensonges,
Mettre de côté mon désir de lui briser le cou, s'il en avait un.

On peut me reprocher mon immobilisme,
Du moins ceux qui ne regardent pas les ombres,
Par peur d'être avalé par l'une d'elles,
Quelle tristesse de n'aimer qu'une partie du monde !

J'ai choisi d'avancer au milieu des ronces,
De sentir mon corps se déchirer sous leurs crocs affamés,
Au moins ma mort aura permis à d'autres de vivre plus,
A défaut de vivre mieux, mes poches n'étant que trop vides.

Sans m'en vanter, je sème mes graines en leur sein,
A leur insu, tous font partie de ce que je deviendrai,
Dans les ombres, habillées de silence, je m'éparpille
Pièce par pièce, pour renaître dans un puzzle plus grand encore.

Avec mes membres, tombent mes dernières chaînes,
Je ne suis plus qu'une dent, un oeil, un cil,
Je laisse le vent me recouvrir de la terre immortelle,
Oublier mon passé et donner une chance à demain.

Alors je renaîtrai, laissant une empreinte indélébile,
Sur votre ignorance et votre mépris de tout,
Je ne crierai ni ne pleurerai sur votre sort,
Je serai cet oeil derrière vos têtes, cette mâchoire au-dessus de vos têtes.

Mais qu'importe car peut-être vos vies ne changeront pas,
Peut-être baigneront-elles dans la même ignorance, le même mépris,
Au moins ne serai-je plus esclave de ce trône d'observateur,
Au moins, je me nourrirai de vos erreurs, et Dieu sait que je vivrai longtemps !

03/11/2005