HABANERA
BILEUSE
C'est vrai, oui je le sais, faut-il donc que je change,
Ma manière d'écrire puisqu'on me dit partout :
« On n'écrit plus comme ça, il faut que tu les ranges
Tes petits vers polis, licencieux, antitout. » ?
-Mais, réponds-je horrifié, « c'est ce que je sais faire !
Non point que l'on m'apprit, peut-être fut-ce inné.
A trop vouloir changer, tout, pour vous satisfaire,
N'être plus le poète mais doux illuminé. … ?
- Poète ! Allons donc ! Vous nous faites bien rire.
Vous prendriez-vous sans doute pour CHAR ou bien HEBERT
MALLARME ou RIMBAUD ce pourrait être pire
Etre persuadé que vous êtes PREVERT ?
- Holà pauvres badauds de la littérature
Vous-vous complaisez trop en rhubarbe et séné
Laissez ces grands messieurs tout à leurs apertures
M'oublier serait juste puisque je suis puîné.
- Pourquoi ne pas hurler, crier, avec ces meutes
Silencieuses de gens à qui l'on fait gober ?
Vous coûte-t'il vraiment d'être ce fier choreute
Et louer ces poètes sans vous faire engober ?
- Mon Dieu, il se fait bien, et beau, que je respecte
Ces curieuses entités au néant revenues.
Mais de grâce laissez mes passions circonspectes,
Chacun sa vérité, mais la verrons nous nue ?
- Pourquoi déshabiller cette chose évidente ?
Telle qu'elle apparaît, elle rénove et astreint
A nouvelles pensées tout en restant prudente
Circonvient puis séduit, enjôle et puis étreint !
- Et qu'à-t-elle à étreindre cette héroïne pâle ?
Vecteur de nos émois de nos ressentiments ?
N'est elle pas victime de toutes vos cabales ?
Intrigants de chapelles placeurs de boniments
- Imbécile fieffé restez à vos lanternes
Et laissez nos vessies avec leurs mirlitons
Tous, lisent ces écrits, et tous ils se prosternent.
Leur poésie c'est ça ! C'est leur baralipton !
- Tous ! Vous avez dit tous ! Non ! Ce n'est pas croyable.
Serais-je donc le seul à croire en ces lampions ?
Surannés soit, vraiment, mais sans en être affable
Je me monte du col, m'en sers d'usucapion
- C'est cela ! Oui bien sûr ! Aux échecs de la vie
Vous devez être Roi ou Tour, sûrement Fou.
D'écarter d'un revers de plume cette envie
D'être enfin à la mode et puis d'avoir des sous.
- Des sous ! Mais donc fouchtra vous êtes obsolète.
Jamais on ne l'a vu, le blé ne va pas aux,
Trimardeurs de tous poils, n'étant pas à la fête
Le fric s'en va à d'autres dont ils sont les féaux
Il nous reste quand même tous nos fins babillages
Enfants de jours trop sombres ou perclus de bonheur
Et le plaisir aigu de les voir sur des pages
Suffit bien amplement à nous grossir le cœur.
De ce bubon fébrile il va en naître encore,
Et ces petits ouvrages qui n'ont plus l'air de rien
Deviendront bien pâture aux chétives pécores,
Dans ces mondanités où l'on fait tout de rien.
Mais on s'en fout pas mal s'il faut que l'on s'y toise
On a de l'énergie à revendre et c'est vrai.
On les mettra de cul ces paisibles bourgeoises
Et ces faiseurs de genres pire que de l'ivraie
On se mettra au Net ! Au réseau je veux dire !
Et là, ce sera ceux qui liges auront choisis,
De nous lire sans fard ayant pour point de mire
D'arbitrer seuls, le jeu, des libres et des soumis. »
°°°
°
CS
Écrit par CharlesSABATIER
Branleur MONDAIN.
Catégorie : Poésie
Publié le 20/11/2019
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Une écriture Grand Siècle pour des vers modernes et cultivés, chapeau le poète qui ligue toutes les nations, prose et poésie, époques poétiques à travers ces poètes aînés qui enrichissent encore, sans le sou, les trésors de nos soirées avec leurs féeries "d'une nuit d'Idumée", où les Hérodiade dansent pour des peintres, pour des Gustave, et vous résumez, vous, en vers, votre projet d'écritures, ce qui permet de mieux vous approcher ! Quelle qualité toujours précieuse ! | |
jacou |