Ne me regardez pas, prêtre au cri sépulcral,
Je ne cherche en ces lieux que la douleur, la vraie ;
Et ne m'enchaînez plus dans ce confessionnal,
Je me tairais enfin, car la voix fut ma plaie.

Aux tréfonds de mon âme, j'entends le tocsin,
Sombres échos d'un temps bien capable du pire ;
Quand les roses gisaient sur mon sanglant chemin,
Pouvait-on adorer mon aura de vampire ?

Je marche vers des jours teints en rouge bordeaux,
Les poignets entaillés par des fers immortels ;
Je ne repousse plus vos illustres corbeaux
Qui planent en riant sur vos pâles autels.

Le silence à des mots qui m'ont trop affamer :
J'ai pris, sans le savoir, le goût de l'anathème.
N'ayant pas de remords qui puissent m'étouffer,
J'ai fait de ce royaume un terrible baptême.

Je ne désire pas vos derniers sacrements,
Je n'ai peur ni de vous, ni des rois, ni des cieux ;
A m'être cru fidèle en brisant mes serments,
Je découvre le traître, reflet de vos yeux.

Oui, j'ai vendu mon âme, moi l'infâme archange,
En laissant sur mes pas ma défunte raison ;
Après m'être perdu, je vois l'homme qui change,
Et les roses se fanent, m'offrant leur poison.

Si vous savez aimer, homme de Dieu sans croix,
Damner-moi maintenant, moi le faible proscrit ;
Mon nom est un péché, mon cœur n'a pas le choix,
Ignorez-moi toujours : le poète est maudit.