Dans le vestibule
Si long corridor qu'il creuse
Des tombes d'attente
Une queue de dragon
Aux écailles de toutes tailles
Sa gueule qui geint
Moi d'abord !
Des couloirs de traverse
Des entraves au destin
Un dédale bien raide
Des âmes en blouses blanches
On en veut sa dose
On nous l'a promise
Et derrière l'autre en rang
Parfois deux par deux
Avides de la transfusion
Son espoir magique
Sa fourbe innocence
On rêve au nouveau souffle
Celui qui tue la solitude
Salle d'attente obstruée
D'êtres en désespérance

Dans le vestiaire sale
On improvise sa correspondance
Et jaugent les sourires tendus
Qui font baisser la garde
Longue coursive
Boyau de survie dans la vallée
De l'ombre et du confort
Par honte on ne tend pas la main
Le mendiant est interne
Sa faim, une lanterne vieille
Comme le monde du bas
Antichambre et paresse
Dissoutes dans le digne
Mais dressées sur le socle
D'une statue superbe
Belle à en crever les yeux

Dans le vestibule
Des cœurs déjà branchés
A la perfusion encore vide
Languissants léthargiques
Un même vœu entre les tempes
L'impatience qui se sursoit
Des contrats de prisons romantiques
Aux libres en névrose
Chacun attend sa dose
D'amour.