Deux candélabres las sur leurs pieds de ferrures
Accueillent le passant et font la devanture
Des portes en double sens à la colle des pages
Couverture première à la cire d'images
L'esthétique est sensible à la métamorphose
Et si l'on va trop vite il omet trop de choses
Comme ce cabinet et ses secrètes caches...
Pourtant c'est au discours que son regard s'attache
Pour un bonheur-du-jour qui renferme des clefs
L'artiste est ce passé qui prenant la poussière
A témoin, se conçoit aux courbes révélées
Quant est léché le bois de rayons incendiaires
Puisque les confessions font office de vie
Que le cœur à genoux veut des exubérances
Au milieu de ces pièces de cacophonies
Silencieuses qui parlent à ses espérances
Méridienne allongée sur le tapis persan
Fait la belle et vouvoie l'arrêt sur d'autres temps
Faisant scintiller l'âme des marqueteries
Les yeux sont courtisés par le talentueux peintre
Qui la plume à la main conta des flatteries
Jusque dans les velours des rideaux qui se cintrent
A la taille des muses devant les fenêtres
Leurs robes d'épaisseur devant le nu à naître
Son voisin plus robuste à côté, un sultan
A la voix d'un Camus qui invite à l'essai
Dans un chuchotement que le fantôme émet
Celui de l'opéra qu'a transmis l'écrivant
Aux oreilles de qui s'est penché sur le tome
Cet amas de feuillets qui érige des hommes
Toute la féérie d'un décor dans les mots
Des restes de rondeurs sur un fauteuil crapaud
Dont les muscles ont tiédi dans le temps qui écorche
Entre-deux d'antichambres qui semble être un porche
Sur d'autres vanités dont l'ancienneté happe
Le lecteur qui latent longe encor des étapes
Dont on suit les destins posés sur des questions
Entre les joues creusées et mollement tordues
Des coussins plus baroques que la confusion
Quand vibre un érotisme aux amours dissolues
Dans de chauds paragraphes près des cheminées
Chaque alcôve est pourvue de ces âtres damnées
Ornées de secrétaires qui sont bien placés
Contre les murs de soin aux tapisseries pleines
A conter leurs histoires de farces vilaines
Il n'est point d'innocence au creux du papier
De mouvements d'ampleur en drames qui se lient
Des prépuces de meubles, poupées de salon
Se gravent aux mémoires du liseur cueilli
Qui rejouera des mois l'imaginaire au front
L'autophilie précieuse au corps qui se souvient
Toujours à ces vieux livres de luxe il revient
Et le voyage au bout de ces sempiternelles
Epopées du langage à fendre les pudeurs
Mène sa solitude en des cieux rêveurs
Avant de refermer ces portes qui l'appellent.
Écrit par Edelphe
Le monde extérieur est vaste, terrifiant, lunaire, impropre et merveilleux, violent et plein d'amour.
Le monde intérieur est bien plus encore... Catégorie : Evasion
Publié le 14/07/2022
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bonjour Edelphe vos mots décrivent pas à pas dans une audace sublime et brûlante les désirs! le plaisir entremêlés! qui donnent la "dimension " érotique de ces instants "d' absolu"...une "charge émotionnelle" issue de votre plume inspirée... on ressent la volupté qui "s'écoule" avec "une force inouîe "...je demeure subjugué par cette "EMOTION INSOLENTE ET SI AFFIRMEE!!..." on ne ressort pas "indemne de votre voyage incandescent " en favori ! (merci ) bonne journée ! prenez bien soin de vous ! amitiés romantiques :) |
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romantique |
C’est admirable comme le cadre se pose peu à peu, au fil des vers et des strophes, de ce qui m’apparaît comme une maison close du 19ème ou début du 20ème siècle, et comme l’ambiance particulière s’en révèle subtilement en s’y incluant parfaitement. Et c’est tout un monde qui s’esquisse comme un tableau peint de mots. J’ai aussi lu et apprécié "Dans le jardin des vers", un univers qui oscille entre réalité et onirisme. Merci à vous pour ces partages. |
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Matriochka |
Mon Dieu, je suis impressionné par la beauté de ce poème qui est baudelairien, qui retrouve de celui-ci l'art de conter magnifiquement, longuement sans jamais ennuyer tant sa richesse se déploie comme une tenture damassée d'anciens temps, des éons peut-être révolus où les poètes romantiques, tels Lamartine et Vigny, écrivaient des poèmes qui étaient des romans, avant que Balzac impose cette forme à la littérature française comme suprême !... Voici un favori, d'un érotisme inattendu, qui est la passion amoureuse du savoir caché dans les livres à déshabiller de leurs secrets... Justement j'ai pensé à "La Peau de chagrin" de Balzac, quand le héros, Raphaël Valentin, la découvre dans une boutique, caverne d'Ali Baba vraie, aux dons magiques. Je vais relire, encore et encore afin de m'imprégner de ceci qui est formidablement écrit, senti, rendu, étonnant car la longueur est à tenir dans un poème tout du long (je considère que "La Maison du Berger", superbe au début, somptueux à la fin, a des longueurs...) Bravo ! |
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jacou |
Bonsoir Edelphe, Quel Voyage si torride fait On dans ce Livre admirablement encré .. L'Excellence de ta Plume sait offrir de ces Vers à nous faire pâlir .. :) BRAVO !!!!!!!!!!!!! LyS .. |
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Lys-Clea |
Un livre dont on parcoure les pages avec délices... Votre plume fait bonheur à frémir d'un plaisir de lecture toujours renouvelé : Très beau BRAVO !!! |
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Lucyline |
Merci pour ces commentaires, chacun m'a touché, merci beaucoup | |
Edelphe |
Merci Marine, encore une lecture magnifique, je l'ai écoutée comme si je ne connaissais pas le poème, presque... | |
Edelphe |
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