Ces quinze ans révolus, vieux comme un étang
Furent priés d'unir au destin d'Elzéar
Toute l'éducation qui la fit De Sabran
Puisqu'au cachet du roi on ne peut se surseoir
Et à trop invoquer des remous de l'enfance
Parmi les nobles jours à genoux dans les cloîtres
Une divinité pour laquelle on veut croître
En sainte tuméfiée de foi confiante
Un pacte fut scellé comme au doigt l'anneau d'or
Et la virginité cachetée dans les maux
D'une lettre orpheline adressée au plus haut
Intacte, jusqu'au cœur qui lui vola la mort
Jeune veuve à la cour de Naples pour la dame
Patronne du rang sage à la voix maternelle
Pour qui fut prononcés les vœux de la pucelle
Puisque l'amour est preux en sévices de drame
C'est éteinte au couvent dit des enterrées vives
Que la reine Sansia en mère inconstante
Abandonna l'élue à sa vie indigente
Au destin résolu d'en faire sa captive
Pour la béatitude qu'offrait le schéol
Elle ôta tout biens meubles de sa vie folle
En recluse de rue, ses mains de mendiante
Vides de tous pêchers, pieuses et affamantes
Mais autour d'elle en grappe les hallucinées
Buvaient ses vins de messes aux larmes éternelles
Des fioles aux vertus thaumaturgiques telles
Qu'en talismans ces dons étaient considérés
De son vivant drastique et loin d'être anonyme
Du confident épris de ses séductions
Aux amies béguinales en admiration
Naquit une légende aux récits de ses mimes
Son errance assidue dans la pauvreté vaine
D'un corps à demi-mue qui ne fut jamais femme
Ne lui valut jamais le canon de ses peines
Tandis qu'on fit un saint de son époux sans âme
Lui que l'on a omis de nos calendriers
Elle qui d'un manteau sur le vingt-six novembre
Pèlerine d'un temps dont le divin fut membre
Invite nos hivers à se pelotonner
Écrit par Edelphe
Le monde extérieur est vaste, terrifiant, lunaire, impropre et merveilleux, violent et plein d'amour.
Le monde intérieur est bien plus encore... Catégorie : Histoire
Publié le 04/02/2022
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Et nous, nous sommes bienheureux de lire votre poème, triste mais riche ! Merci de nous faire mieux connaître sainte Delphine. C'est magnifique. Bravo ! |
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virgile |
Magnifique tant dans l'écriture que le fond. Merci à Virgile de m'éclairer sur la personne de ce poème. De la belle poésie, merci Edelphe |
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Oshidiriz |
Du beau travail pour rendre hommage à cette sainte ! bravo pour cette intéressante lecture Bonne soirée |
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Pieds-enVERS |
Un poème prenant! Votre façon de conter l’histoire de Sainte-Delphine (votre sainte patronne, si j’ai bonne mémoire) la rend vivante, même si sa vie fut marquée de tragédie. Merci pour cet excellent moment de lecture historique. |
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Matriochka |
Bonsoir, Merci de nous faire " entrer " en L'Histoire de ce Patronyme fort bien porté par son auteure qui sait tant nous offrir sa talentueuse Plume .. :) LyS .. |
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Lys-Clea |
Une lecture enrichissante, je découvre l'histoire de Ste Delphine que je ne connaissais pas et que vous nous contez à merveille. Merci Edelphe | |
MelleDe |
Très intéressant et original | |
Vermeil |
bonjour Edelphe vos mots d'une vie difficile! pour cette "âme" cloitrée au couvent! dans la discipline de fer en ces temps moyennâgeux... recluse désormais dans ces murs épais de désespoir et de solitude... vous avez su "densifier" son cheminement comme un chemin de croix! en favori ! bonne journée ! prenez bien soin de vous ! amitiés chaleureuses :) |
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romantique |
Merci à tous Cette "sainte" ne fut jamais canonisée, elle demeure "la bienheureuse", ce qui est presque comique si l'on considère la vie qu'elle a mené. Presque une énième moquerie, post-mortem. |
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Edelphe |
"Naquit une légende au récit de ses mimes" : ce seul vers vaudrait pour moi mon favori. Mais le phrasé qui sonne si à l'ancienne, la tenue du langage, la poésie qui sourd en flux constant de votre poème magnifique, qui dit un drame d'une époque d'autrefois, ce pour quoi on écrit aussi de la poésie sur le modèle classique, parce que rien n'a jamais été dit de ce que nous voulons faire connaître chaque jour : que la sainteté est au coin de la rue, comme se tenait le poète Germain Nouveau à mendier quand il eut tout refusé de sa vie, sauf cette sainteté que je lis dans ses vers, et que nous cherchons tous au travers des ?uvres lyriques..."Cour grise où tourne le soulier lacé des grandes" ("Rêve claustral")... | |
jacou |
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