La cire s’est figée dans le chandelier froid
Larmes dégoulinées sur un support de fer
Et l’âtre est au miroir une entité éteinte
Hantent auprès de leurs cendres mes plumes défuntes
Dans le vide glaçant tendrement je m’assoie
L’eau qui stagne sans foi au creux du bénitier
Fait écho au silence qui s’est imposé
La lumière est au philtre des amours sur croix
De pierre est le loup gris qui dans sa gueule aimante
Les sens et les épreuves à peser sur la vie
La souffrance est un mot qui a la langue lente
Des ombres de l’enfer les décors ont appris
Et des restes de pain sur l’autel éternel
Près d’une tabatière ornée de fines ailes
Les oiseaux de papier où la beauté se conte
Gisent en parchemins morts entre l’heure et la honte
A la pauvre lucarne pleut le temps qui coule
En successives lunes et leurs lueurs passantes
Font vivre les objets qui d’autant me chamboulent
Ces êtres déformés aux présences puissantes
A qui ne sait plus trop qui prier d’être là
Entre les sépultures et les vœux dépourvus
Sur les murs se pourfendent des voix corrompues
Ma chemise de nuit traîne dans son verglas
Une poupée gelée, candélabre d’effrois
L’arme dégoupillée mue dans sa paume amère
Et l’astre de l’espoir passe comme une feinte
Plante avant de descendre son corps dans l’étreinte
Sur la suie de l’enclos des traces d’ongles grattent
Comme cognent à la porte du cœur les dolents
Alors peindre au bougeoir avec le sombre sang
Et prendre pour pinceaux des dagues scélérates
Des cirages figés faire un pèlerinage
Dans la folie sous cape des fougues précieuses
Même si la passion est toute pernicieuse
Mais que volent les cendres et délivrent l’otage
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Écrit par Edelphe
Le monde extérieur est vaste, terrifiant, lunaire, impropre et merveilleux, violent et plein d'amour.
Le monde intérieur est bien plus encore... Catégorie : Poésie
Publié le 15/01/2022
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Avec une profusion "gothique" d'images puissantes, j'ai l'impression que ton poème rejoint mes préoccupations du moment, superbe est le mot qui convient! |
Banniange ![]() |
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Vous magnifiez un monde que votre verve poétique rend presque inquiétant. C'est magique! Bravo! |
virgile ![]() |
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bonjour Edelphe tes mots évoquent un univers sombre! se rapprochant de souffrances exacerbées dans un mystère secret de croyances ! de superstitions! tu as su grâce à ta plume inspirée et féconde ! nous plonger dans "les abysses éternels"...j'ai apprécié ! en favori ! bonne journée ! prends bien soin de toi ! amitiés chaleureuses :) |
romantique ![]() |
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L'atmosphère de fièvre et de damnation aux cachots théologiques du pécheur de ce poème évoque un peu pour moi le Moine de Matthew Gregory Lewis,.. Le ton des vers qui sont des phrases inclinent à ressentir la mélancolie d'ordre mystique où la "Melancholia" de Dürer purpose un portrait plein de science et de signes ésotériques... Des "objets" sont des "êtres", défunts déformés par anamorphoses des regards inquiets de trouver en poussières ("je te montrerai ton effroi dans une poignée de poussières..." qui sont les cendres du "Waste Land/Terre Gaste" de T.S. Eliot) les éléments du décor qui est assise rassurante au bas mot, mais au bas d'un cachot ne reste que son désespoir d'avoir été élu pour la condamnation, et puis ici des "ombres de l'enfer ils ont appris"... "Cire et cirage" figés, "bougeoir et chandelier", "verglas et gel", "suie et cendres" : toute l'orchestration de l'insensible glaçant confinant au cachot d'une âme en damnation et dans son for intérieur de condamné à mort dans l'éternité qui damne par truchement de la divinité ou de sa malédiction, rejoignant le monde aux cieux fuligineux des nuées sombres couvercle des douves et des murailles qui cachent les souterrains où damner les hommes en leurs âmes par tous les moyens (le chevalier sera torturé au chevalet...), vous joint dans ce poème admirablement écrit, senti, étudié pour rendre ses effets dans les moindres termes signifiants d'un univers adéquat à mettre en place à ce Pré-romantisme noir, sombre, sans espoir même aux religieux quand le divin s'est consciemment perçu s'éloignant dans les coeurs des hommes à cette époque qui s'y sensibilisait avant l'atroce déchaîné au 20ème siècle, le Romantisme ayant été précédé d'une phase annonciatrice bien plus sombre, sans la rébellion humaine de l'Être isolé dans l'univers et la foule industrieuse que le romantisme a proposé pour réagir, en l'époque littéraire où, après le "Werther" de Goethe, les dessins macabres de Goya si sensitif, viennent Lewis, le "Château d'Otrante" et Radcliffe... On se met à frissonner, avant "Wuthering Heights", avant "Frankenstein", avant que l'avenir que les artistes créent dans leurs imaginations et dans leurs rêves, se réalise, bien assez tôt, quand Dieu s'éloigne et que les hommes tâtonnent dans les souterrains du monde et dans leurs souterrains intimes, cachots où se blottir et délivrances des sens pour la Mort avec la damnation immortelle : on s'est pris en "otage" soi-même en pensées tenant à la métaphysique... Bravo Edelphe, votre poème est mon favori car digne des lectures qui m'ont toujours impressionnées et fait réagir passionnément ! |
jacou ![]() |
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Merci Banniange, après relecture c'est vrai qu'il y a une dimension gothique.. Merci pour votre appréciation Virgile merci pour votre lecture "magique" Merci Romantique pour ce favori et ton commentaire amical et chaleureux, prends soin de toi également Jacou merci pour votre commentaire si étayé, vous semblez avoir plongé dans les fibres de mon poème pour en saisir toutes les portées. J'ai sur ma table de nuit en ce moment "le Moine" mais je ne l'ai pas encore commencé, il traîne là depuis des semaines... |
Edelphe ![]() |
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Bonjour, Quelle Puissance sous ces Vers .. Je reste souvent Coi à la Lecture, à Genoux .. parfois déstabilisée .. favorablement dans les Images véhiculées de ces Sens, contre Sens .. Ou l'On se perd, ou l'On voyage vers des Lieux incroyables .. des Ressentis enfouis .. Sacrée Plume comme Toujours ! Bravo encore ! LyS .. |
Lys-Clea ![]() |
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Edelphe, je vous souhaite une bonne lecture de ce "Moine" annonçant le gothique qui va se déployer en accompagnement avec le Romantisme en son aspect sombre confinant au Fantastique (il sera chez Washington Irving aux États-Unis dans son Sleepy Hollow le Cavalier sans tête", et un peu chez Edgar Allan Poe, et chez le poète Aloysius Bertrand dont les poèmes en prose recréent un Moyen-Âge à en frissonner à tous les sens, poétique notamment, etc...). Antonin Artaud qui m'est un poète cher a traduit "Le Moine" très bien, et le film avec Vincent Cassel dans le rôle principal est très bien senti et fait également, film que je vous recommande. Bon dimanche. |
jacou ![]() |
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La puissance de votre écriture rend ce poème saisissant et restitue d’une manière très forte une atmosphère sombre et angoissante (tout du moins c'est comme ça que je la ressens). Je ne sais si cela est entré dans votre inspiration, mais votre écrit me fait penser à ces recluses du Moyen-Âge, ces femmes qui se faisaient emmurer dans de minuscules cellules (en pleine ville) avec pour seule vue sur l’extérieur une toute petite lucarne, par laquelle de bonnes âmes charitables venaient leur donner de quoi se nourrir. Ces emmurées vivantes, ayant choisi cet enfermement sans possibilité d’en ressortir, priaient en retour pour expier les péchés des chrétiens. Or de nombreux termes et vers de votre poème pourraient être propres à évoquer la vie d’une recluse. Quoi qu’il en soit, félicitations pour ce partage d’une incroyable intensité. |
Matriochka ![]() |
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Le souffle de Baudelaire est passé sur votre plume et lui a inspiré ces images venues du monde religieux mêlées à celles, sombres, du "spleen" qu'il a si bien saisi et que vous rendez avec talent. "Chandelier froid", "plumes éteintes" ... ont une richesse, une force, qui se répercutent au fil du poème. Le vers qui semble comme résumer tout le propos est celui-ci : "La souffrance est un mot qui a la langue lente" |
Ombrefeuille ![]() |
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Sublime, puissant... Toute une atphosmère née sous votre plume qui imprègne autant que vos mots... On se sors jamais indemne de vos écrits magnifiques... un favori pour moi |
Lucyline ![]() |
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pesant et sombre et si magnifiquement écrit ... bravo et merci Edelphe je viens de lire "coeur " et c'est tout ou tant magnifique*** |
MARIE L. ![]() |
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