Tu te promènes à petits pas lents
Prudents sur la route du soir mouillée de nos larmes
Tes longs cheveux poivre et sel nattés échoués sur tes épaules
Affaissées et tes joues givre rougies grivelées de vieillesse
Mon cœur gonfle devant toi
Gonfle d'amour comme souffle le vent
Laisse-moi t'enlacer laisse-moi réchauffer ton corps si frêle
Si froide ta main laisse-moi t'embrasser
Absente tu regardes ailleurs
Tu contemples un lointain qui te happe m'échappe
Qui te charme t'efface un lointain qui te perd
Silhouette triste tu t'éloignes et je suis la trace de tes soupirs
Soupirs que tu traînes comme une veuve habillée de ses pleurs
Amers
L'horizon s'ouvre et laisse éclore tout en rire
Une fillette légère accrochée au duvet de deux ailes blanches
Elle apparaît comme un ange dans l'écho de sa joie
S'approche de ton ombre cendre et soulève
Du bout de ses doigts fée le voile
Noir qui couvre tes paupières
Mièvre elle inonde tes yeux d'une larme enfantine
Elle t'éveille sous la douceur de sa tendre jeunesse
C'est elle la môme soleil elle que tu cherchais
Tu tentes de la suivre dans sa course espiègle
Tu veux prendre ton envol et portée par un souffle divin t'élever
Dans les cieux tu veux survoler les hauteurs du firmament plonger dans
Les ondes étoilées conquérir la lune rejoindre les paradis célestes tu veux
Saisir le bleu du ciel le bleu des mers et remplir d'un bleu neuf tes yeux gris
Tu t'éparpilles tu te disperses
Dans la poursuite de la môme soleil dans ta
Fuite du temps tu t'égares
Tu cours tu cours
Portée par l'espoir fou de l'envol
Tu cours t'essouffles
Les autres te voient essoufflée
Grisée ivre
Ils ne comprennent pas
Ni homme ni femme ne voit cette fée lumière que tu poursuis
Ils te voient folle
Moi je vois ta douce amie cette môme joyeuse
Je vois ce reflet qui joue dans tes yeux redevenus ciel
Et je crains de ne m'être noyée dans tes folies
Ta main si froide si roide serre trop fort mon poignet
Ton étreinte me froisse me mord me blesse me ronge m'angoisse
Serre moins fort cours moins vite
Tu me tires tu me traînes tu t'envoles mais
Arrête calme-toi
Grand-mère écoute-moi
Tu ne peux pas voler tu ne peux plus courir
De ton sourire il ne reste qu'une pâleur
Dans ta fuite du temps tu as oublié que ton cœur
Essoufflé s'est éteint
Une colère luit dans tes yeux terribles
Envolée la fée lumière
Perdu ton rêve
Ton rêve léger qui se dissipe comme mirage au réveil du matin joli
Ton cœur colère
Chaque nuit ton cœur enrage
Chaque nuit ton regard qui me hante
Ce regard dément
Epouvante
Fou de douleur
Ce regard cruel que je ne t'ai jamais connu
Ce regard damné qui pourtant crève la brume de mes songes
Et me poursuit
À travers le silence au-delà de ta mort
Grand-mère laisse-toi partir
Grand-mère laisse-moi dormir
Écrit par Eli
"Il faut encore porter du chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse."
Nietzsche Catégorie : Divers
Publié le 06/10/2019
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Merci pour cette grande émotion Eli... Un poème majestueux qui m'a fait frissonner. | |
grêle |
formidable poésie,de grande amplitude,émouvante,captivante jusqu'au bout..merci de nous l'offrir.. | |
Aria |
Un sommet de lyrisme qui m'impressionne, pour dire simplement la douleur, dans des vers portés par un souffle aimant et souffrant. J'aime énormément et j'ai été happé dès la première strophe, qui ne laisse nullement indifférent ! Un grand merci Eli ! (Je vais le mettre dans mes favoris). | |
jacou |