Ma douce et jolie Jeanne, quelques alexandrins
(Je sais que tu les aimes) pour te parler un peu :
Tu touches autant mon coeur que mon corps par tes mains,
Je me dois de te dire au moins un de mes voeux.

Je veux que tu me dises, Jeanne, ce que tu espères :
Et pourquoi tu me prends dans ton lit en tes bras,
Suspendu à tes lèvres ; exauce ma prière
Et déclame, tournesol, ce que tu veux de moi.

Je ne peux pas, tu sais, caresser sans passion,
Tes bras sont un refuge et non pas un exil,
J'y cherche de l'amour, non point de la raison...
Et si j'aime t'embrasser ce n'est pas par asile.

Je ne peux pas te fuir, et cacher mes regards,
Et me dissimuler dans cette indifférence
Qui chasse la tendresse de nos baisers du soir,
Qui éclipse le jour toutes nos heures d'errance...

Je ne veux plus mentir, je ne veux plus rien feindre,
Je veux que tu me dises si ton âme est troublée,
Si quelque sentiment pourrait ce soir nous joindre,
Je sais que c'est cruel, c'est un rêve éveillé.

Dis-moi mon tournesol, dis-moi combien tu m'aimes !
Récite-moi donc ton coeur, chacun de tes baisers
A le même bel éclat que les plus beaux poèmes,
Le wagon rose de nous est-il si éloigné ?

Tu souffres doublement que tu te caches deux fois,
Mentir sur l'entre-nous et sur tes sentiments.
J'ai senti sur ton corps un frisson sous mes doigts,
Je vois dans tes regards les regards des amants.

Laisse-moi t'emmener cet hiver dans mon coeur
Et plonge tes jolis yeux dans mes yeux qui implorent,
Le vent souffle trop vite pour ceux qui ont trop peur
Et le train que l'on prend c'est celui de nos corps...