Tout autour de moi une symphonie de couleur, des vagues dans la brume, du sang dans les tombeaux. Le monde. L'oraison d'autrefois, les nuées de demain. Et l'Aube qui vient pas à pas, soleil couchant m'entends-tu ? je veux de la lumière, je veux de tes rayons ! J'entends sonner les cloches cristallines dans le crépuscule qui s'embaume de miracles, comme j'ouïs de loin les pleurs de tous les enfants qui vivent, et sont sans père. Il est mort à la guerre, peut-être, parti dans un flot humain, animal, chose. Pas de ça. Il me faut plus de temps. Mesures cruelles, les vies qui passent me rappellent que je ne fais que vivre. Les morts pèsent aussi sur la terre. A la gloire. Ténèbres. Décadence, ô misère ! j'entends tes détracteurs, file, éternité, ô rivages, vos mots valent les miens !
Soit. Mais il faut des artistes. Je dis qu'ils furent tous vains, qu'il n'y en a jamais eu tout à mon service. Je les remplacerai, tous.
Nul ne peut faire voir les secrets de la terre. Il n'existe aucune forme de vérité, non, un mensonge qui nous sauve. Maintenus hors du temps. Bach y croyait. La musique des cordes a peut-être plus d'intensité que celle des vers ; il faut parler à l'âme.
Tu me fuis, ô piano, et m'emportes au-delà ;
Le violon m'abandonne, les trompettes se taisent ;
Partition enchantée, toi, tu es encore là ;
Tu es en ré mineur comme une rime française.
Écrit par Etienne de Mirage
Le coeur est une langue qui se passe de mots.
Catégorie : Poésie
Publié le 12/02/2022
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Toccata et fugue en ré mineur de Jean-Sébastien Bach | |
Etienne de Mirage |
Très bel écrit, les images sont éclatantes, merci | |
Oshidiriz |
C'est une écriture d'admiration, elle est admirable, il faut une sensibilité illimitée pour écrire ainsi,sur l'art et la condition humaine qui y exhorte et le justifie. Se hausser par au-dessus de soi, non se surmonter qui serait une erreur, et pouvoir ainsi rejoindre la communauté qui crée et celle qui apprécie en recevant, c'est avoir compris que la musique des sphères, les chants des chorales priant, les psalmodies, les sonorités dans les temples extrême-orientaux, la haute musique, et un grand nombre de textes poétiques et littéraires, et tous les arts où les individus se personnalisant rejoignent dans le même temps la communauté et peuvent ainsi communiquer d'égal à égal avec de plus grands principes qu'on nomme parfois divinités ou la source de l'univers ou que sais-je encore qui limite cette idée, c'est ceci que j'ai appris à comprendre en découvrant la poésie en général, les poètes français étonnants du 19ème siècle adonné au réalisme sans illusion, les réactions à cela que furent dans les arts le Romantisme, le Préraphaélisme (développant l'exemple des "Nazaréens", peintres allemands du début du 19ème siècle), le Symbolisme, le Surréalisme vers lequel je reviens actuellement comme à mon premier amour, négligé longuement, mais André Breton, comme Rainer Maria Rilke, comme Friedrich Hölderlin, comme Antonin Artaud, comme Dante Aligheri, comme tant et tant d'artistes, et comme les musiciens lyriques et classiques que je connais infiniment moins, eux ils avaient parfaitement compris qu'il convient de parler au principe spirituel le langage du spirituel, où pour moi la poésie est grande, qui loue comme la prière, qui magnifie ses ingrédients comme la cuisine, qui donne quelquefois la clairvoyance (le "voyant" Rimbaud : "Million d'oiseau d'or ! Ô future Vigueur" du "Bateau ivre" que je n'ai jamais mis en relation avec l'énergie nucléaire par exemple, mais plutôt perçu comme une illumination de sagesse adolescente nourrie des lectures immenses du jeune poète se confrontant à l'ésotérisme comme à la science et à la philosophie) ainsi qu'une science prévoyante et gestionnaire de la surprise à venir, puisque, après tout, notre cerveau reste un inconnu dans ses capacités même pour les scientifiques spécialisés dans leur domaine... Ce texte m'impressionne par sa qualité que je place dans mes favoris. Merci beaucoup. |
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jacou |
Bonjour, Notes musicales appréciées sous cette Lecture qui rend fort Hommage ! Bravo !!!!!! LyS .. |
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Lys-Clea |
J'aime la composition désaccordée de votre poème, qui est un bel hommage rendu au milieu de tout ce qu'il déplore | |
Edelphe |
Merci à tous pour vos agréables commentaires ! J'apprécie votre formule de composition désaccordée, Edelphe. | |
Etienne de Mirage |
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