Princesse Anne-Tarzane s'en va voir son mentor,
Le grand sorcier Catulle, qui n'a pas souvent tort.
Préparant son effet, la belle dit d'abord :
Mon tuteur chéri,
Je connais comme ma poche
- Euh… Ai-je des poches ? -
Tous ces lieux magiques,
Epatants, vibrants, cocasses
Où tu m'expédies.
Je les ai trop visités,
Et bien qu'ils soient fabuleux,
L'ennui s'installe, à la longue.
Les yeux d'Anne-Tarzane s'illuminent alors.
Catulle y voit briller une lueur d'aurore,
Flammette d'allumette sur une bougie d'or.
Mon rêve caché
Serait que mes deux cousins
Et toute la bande
Des singes, des fauves,
De mes potes de la jungle,
Me voient sur écran
De cinéma, de télé,
Et se disent : Attention,
Son entrée, c'est maintenant !
Le vieux sorcier Catulle rit avec bonhomie
De cette lubie de sa filleule et amie.
Au fond, pour lui, la chose est tout à fait normale.
Sa chère Anne-Tarzane est plutôt théâtrale.
Je te vois bien
Semer l'agitation
Dans un film d'action.
Et tu pourrais même
Faire fantasmer les hommes,
Devenir un mythe,
Un nouveau symbole,
Moderne monstre sacré,
Adjani sauvage,
Sophia Loren de la brousse,
Lollobrigida des lianes,
Mireille Darc des savanes.
Catulle s'interrompt ; il est saisi d'un doute.
Au sourire effronté de sa gentille filoute,
Il lui semble probable qu'elle s'en contrefoute.
Niet, mon vieux sorcier !
Je laisse aux stars de métier
Le gros du boulot.
Si un jour, j'entrais
Dans le bureau luxueux
D'un grand producteur,
Je lui dirais : M'sieur Spielbrest,
Je ne veux qu'un second rôle
Ou de la figuration.
L'ahurie qui béé
Ou la peste qui rigole
Pendant trois secondes.
La pressée qui court
Ou la serveuse de bar
Qui, sans dire un mot,
Dodeline de la tête
En écoutant le juke-box
Juste avant le dénouement.
Le genre de rôle,
Transparent, insignifiant,
Plus léger que l'air.
L'humble figurante
Dont on ne se souvient guère
Parce qu'à l'entracte,
On fait pipi pour la route,
On se rasseoit en retard.
Une scène brève,
Mais que je puisse vraiment
Jouer de l'intérieur,
Y être moi-même
Dans mon fond et mon tréfonds
Pour que mes amis
Se disent : C'est elle,
C'est bien notre Anne-Tarzane.
Séquence fantoche,
Oui, mais séquence fétiche
Pour mes camarades et moi.
Ainsi, la jeune femme achève son laïus,
Et Catulle se dit : C'est une vraie gugusse,
Mais parfois, je suis fier de cette olibriusse.
Écrit par Fantome_Bagarreur
Hello, I'm the Fighting Ghost.
Catégorie : Divers
Publié le 03/02/2007
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très joli poème Fantôme, tu décris toujours très bien Anne Tarzanne, avec également beaucoup de tendresse.........j'ai aimé! | |
MAZBRI |
oui, il peut-être fier comme nous le sommes, quelle grandeur d'âmes, que cela fait du bien de lire un tel texte, belle philosophie, respect de ceux qu'ils l'aiment et qu'elle aime, vouloir exister pour sa richesse intérieure et non pour le paraître, nous allons essayer d'être aussi humble que Anne Tarzanne et nous montrer dignes d'une aussi grande dame .... merci fantôme encore un superbe écrit .....BRAVO à TOI | |
Merci, chères amies, mais je ne prétends pas proposer de modèles... Si vous arrivez à être humbles, c'est que vous l'êtes naturellement. ;o) | |
Fantome_Bagarreur |
anne-tarzane en figuration c'est possible, elle vaut sophia loren, adjani,etc......moi je la vois bien dans un film , elle pourrait jouer tous les roles, amoureuse, bagarreuse, voluptueuse, comique aussi pourquoi pas . elle a beaucoup d'atouts anne-tarzane.....j'aime beaucoup ton écrit. | |
plustout |
Merci, chère Plustout. :o) | |
Fantome_Bagarreur |