Soixante-treize,
La radio parle
De Monsieur Pompidou.
C'est un homme important.
Je sais pas bien qui c'est.
J'apprends l'arithmétique
Et pas la politique.
Aujourd'hui, j'ai pas faim
Pour mon steak de poulain.

Soixante-dix-sept.
Astérix orphelin.
Au cours d'histoire, on voit
Eburons et Nerviens.
Et c'est quoi, la cervoise ?
C'est comme la framboise ?
Et pendant ce temps-là,
Au-dessus des nuages,
Le Concorde voyage.

Soixante-dix-huit.
Exit Claude François.
Quelques mois plus tard,
Un jeune garçon
Obtient son diplôme
D'études primaires.
On est en juin.
Plus de devoirs,
Ni d'examens.
Fête de fin d'année.
Dans la cour de l'école,
Des hauts-parleurs diffusent
Alexandrie-Sandra…
Je veux une aspirine,
C'est mon leitmotiv
Quand ça chante trop fort.

Septante-neuf (en belge).
C'est la dernière fois
Qu'on verra Luc Beyer,
L'austère speaker
(Prononcer spiiiiquèèère)
De la RTBF.
Voilà qu'il démissionne.
Ce sont ses oignons.
Moi, j'ai d'autres soucis
Qui m'encrassent la tête.
J'aime pas mon collège,
Il est trop lugubre,
Trop loin de chez moi,
Et j'ose pas le dire.

Quatre-vingt-un,
La télé nous offre
Un certain J.R.
Plein d'argent, de flouze,
De fric et d'or noir.
Un salaud notoire
Qu'au fil des semaines,
Le public adore.
Moi, j'ai changé d'école
Et je suis heureux.
L'enfant cède la place
A un ado curieux.

Quatre-vingt-six.
De nouveaux décors.
La cohabitation
De Chichi et Tonton.
Fin de l'adolescence.
Début de l'âge adulte.
A cheval sur deux ères,
J'suis un grand étudiant.
Première année de fac.
Elle ne sera pas
Couronnée de succès,
Mais j'aurai ma revanche.

Deux mille sept.
La planète qui chauffe.
Adieu, gentil abbé.
Je suis devenu prof.
C'est un autre monde.
Une autre société
Pleine de nouveautés.
On a des DVD,
De petits téléphones.
On a même un engin
Qui s'appelle Internet.
Et moi, le croiriez-vous,
Comme en mon jeune temps,
Je continue d'aller
Tous les jours à l'école.