Il n'y a pas que dans les îles océaniques
Que l'on voit gambader un certain marsupial.
J'implore le pardon des dieux géographiques
Si je bouscule ainsi leur routine idéale.

Mais à la vérité, la jungle de hasard
Où vit Anne-Tarzane méconnaît longitudes
Autant que latitudes, et dans cet autre part,
Croiser des kangourous est presque une habitude.

La princesse connaît les buttes et les hauteurs
Où ces clowns bondissants, prudents, se sont tapis.
Elle aime débusquer ces espiègles sauteurs,
Descendants méritants de l'illustre Skippy.

Il est bien évident que ce qui intéresse
Aussi Anne-Tarzane chez ces bêtes à ressort,
C'est leur art de la boxe ; la belle sauvagesse
Et les kings kangourous se battent au corps à corps.

Alain-Tarzan l'athlète, Andy-Mowgli l'ado,
Pour aider leur cousine, se mêlent à ce jeu.
- Je prends celui de droite ! – Moi, celui du milieu !
Pugilat en ré dièse, bagarre en sol si do.

L'affaire est vive et rude, et les crochets du gauche
Succèdent sans répit aux uppercuts du droit.
Le trio de cousins, et les hoppeurs à poche
Après ce beau combat, concluent la paix des rois.

Souvent, Anne-Tarzane et ses deux zigomars,
Cachés dans les buissons, épient les marsupiaux.
Ils les regardent vivre, s'émerveillent et se marrent
Comme les visiteurs d'un zoo sans les barreaux.

Et petit à petit, un lien de connivence
Naît entre les humains et les kangs sans courroux.
Ils aiment se défier, ils reculent, ils avancent,
Sentant qu'ils ne sont pas ennemis pour deux sous.

Dans cette jungle étrange, bizarre et singulière,
Quelle nouvelle espèce va surgir, direz-vous.
Des manchots empereurs ou des chats de gouttière,
Des lévriers afghans, des fourmis croquetout ?
La jungle a ses raisons où la raison se perd.
Posez donc la question à votre grand gourou.