Lettre ouverte à certains bédéphiles

Méprisables ouvrages, âneries en images
Sornettes illustrées pour cancres en bas-âge
Voilà les noms dont la BD fut affublée
Par des gens qui jamais ne l'avaient feuilletée

Puis, petit à petit, elle eut meilleure presse
On connut ses mérites, qualités et richesses
La BD pour enfants devint BD d'adultes
Elle fut neuvième art, on lui voua un culte
Les Dutourd, les Bouvard la dédaignaient toujours
Mais les doctes thèsards lui tournèrent autour

Vint ensuite la clique des lecteurs prétentieux
Qui prirent la BD tellement au sérieux
Qu'en la voyant traiter encore en sous-culture
Par les média qui manquent parfois d'ouverture
Ils se crurent atteints dans leur orgueil suprême
Et jetèrent aux quatre vents leur anathème

A entendre parler ces pédants bédéphiles
Le neuvième art était porteur de lourds enjeux
Ceux qui l'ignoraient n'étaient que pauvres débiles
Ou anti-intellectualistes dangereux

Sur les forums du web, ces pseudo Roland Barthes
Aboyèrent, mordirent tels des chiens-loups de garde
Sûrs que leur vision de la BD s'imposait
Tout à fait inconscients du tort qu'ils lui causaient

Pauvre chère BD, tu n'as jamais voulu
Qu'on s'écharpe pour toi, à grands coups de massue
Tu étais simple et humble, ton ambition profonde
N'était pas de modifier la face du monde

N'en déplaise à certains, la bande dessinée
Qu'elle nous fasse rire, frémir ou réfléchir
A pour belle mission, pour noble destinée
D'être uniquement un intelligent loisir