On court ventre à terre
Dans les tanières, les clairières.
Une activité fébrile
Gagne fauves et volatiles.
On se démène en tous sens.
Bientôt, l'an neuf commence.

L'année devenant obsolète,
Le lion Simba premier,
Souverain des carnassiers,
Et Alain-Tarzan l'Athlète
En dressent, avec esprit critique,
Le bilan social et politique.

Simba est autocrate, Alain-Tarzan est anar.
Pourtant, malgré leurs divergences, il est un fait notoire
Sur lequel ils partagent la même analyse essentielle,
C'est qu'il a fait toute l'année un beau et chaud soleil.

Le grand sorcier Catulle,
Qui se pique d'astrologie,
A lu dans l'encens qui brûle
Et dans la cire des bougies
Que cette année, Anne-Tarzane
Et son amoureux Zéphyr
Entretiendrait leur forte flamme
De passion et de désir
Et cultiveraient la gaudriole.
C'est aussi vrai et aussi sûr
Que les méduses seront molles
Et que les caïmans seront durs.

Pour l'an nouveau, Andy-Mowgli
Caresse toujours son ambition
Son rêve sans compromission
De partir en Amazonie,
D'y devenir super héros,
Justicier, dompteur ou cornac,
Tous ces passionnants boulots
Qu'on peut avoir après le bac.

Anne-Tarzane n'est pas en reste,
Nous en serions bien étonnés,
Elle se prépare à entonner
Sa chanson de la Saint Sylvestre :
Vive les faits, vive les faits, vive les faits-divers,
Algarades, bousculades et coups de pied au derrière.

Le perroquet, Monsieur 100.000 voix,
Surgit dans son dos et lui coupe son envoi.
Il chante à tue-tête Goodbye Melbourne
Avec un vibrant accent d'Australie.
Anne-Tarzane se retourne
Et se bat avec lui.

Dans son arbre, Monkape le singe
Se triture intensément les méninges
Quelle est cette histoire d'année nouvelle
Qui soudain au monde se révèle ?

Le calendrier orang-outan
Ne mentionne pas ce nouvel an
Qu'on le lise de dos ou de face
Il l'atteste et en fait état :
Pour les singes, on est en l'an de grâce
Quatre-vingt-quinze après Cheetah

L'ours Bilbalou, grand stoïcien,
Sait qu'une année qui va ou qui vient
N'apporte pas de bouleversements
Et n'ébrèche pas le firmament.
Mais le premier janvier, dans sa grotte
On peut le voir prendre des notes
Et vérifier, quand tous les autres dorment
Que le monde n'a pas changé de forme.

Bel-Œil le lynx au regard qui frise
Profite du réveillon pour faire la bise
Et un peu plus si affinités
Aux lionnes, aux panthères mouchetées
Aux tigresses, aux léopardines
Et à toutes les jolies félines.
Pour ce don juan aux pupilles dilatées
Nulle occasion ne doit être ratée.

Jack le crocodile, Malaki le chacal
Elmeric le porc-épic, Norbert l'éléphant
Se joignent eux aussi à la chorale tropicale
Pour vous souhaiter un bon jour de l'an.

Dans cette jungle qui ignore l'hiver,
Un droit d'entrée vous est toujours offert.
Dans cette brousse qui méconnaît le gel,
Entrez en farandole perpétuelle.