(Poême composé à partir de ce dessin : http://img-fotki.yandex.ru/get/3303/svoifilm.b7/0_200b1_7cc0c64f_L)

Il a pris la valise déposée dans l'entrée,
A décroché les clés fixées dans le coffret,
Il a fermé la porte sans même se retourner,
A jeté son mégot et puis s'en est allé.

Sur le sinueux chemin qui le menait ailleurs,
Il avançait alerte, la démarche assurée,
Sous la brise légère son écharpe l'effleure,
Donnant à sa silhouette un air de liberté.

L'élan qui l'a poussé à quitter son logis,
Ce choix qui l'a conduit à partir loin d'ici,
Cette fougueuse envie de bouleverser sa vie,
Semblait à chaque pas s'effacer derrière lui.

Au bout de son bras frêle, la valise lui pèse,
Ralenti sa cadence et l'essouffle un peu plus,
Les mirages se dessinent, annonçant le malaise,
Il vacille, il titube comme un enfant perdu.

Il traine la valise comme l'encre du bâteau,
Il ne peut décrocher ce pénible fardeau,
Semblable à un organe enchainé à son corps,
Il est ce malheureux prisonnier à son bord.

Il marchait lentement, il s'arrêtait souvent,
En vidant un peu plus l'intérieur du bagage,
Il pensait rendre aisée la suite du voyage,
Mais chaque pièce retirées manquaient cruellement,

Car sous le cuir épais qui compose la malle,
Ce sont tout ses regrets entassés dans un coin,
Qu'il déverse promptement sur la bord du chemin,
Qu'il délaisse et oublie au fil de sa cavale.

Pour avancer et vivre ce qu'il a décidé,
C'est de ces souvenirs qu'il doit se séparer,
Oublier le passé pour tout recommencer,
Et construire l'avenir sans plus se retourner.

Alors subitement il s'est senti nouveau,
Son esprit renaissant n'était plus aussi veule,
Il a redressé tête et ôté son chapeau,
A posé sa valise et a continué seul,
Seul.