"Mais non petite, ils ne meurent pas,

Ils s'envolent. C'est pas pareil.
Les vieux s'endorment, et puis c'est tout,
Ils prennent un train dans leur sommeil,
Qui les conduit on ne sait où.

Tu sais au fond, ils n's'en vont pas,
Malgré l'absence, ils restent là,
Toujours présent dans ta mémoire,
Cachés au fond de tes tiroirs.

Regarde le ciel, toutes ces lumières,
Ils sont là haut, ils y sont bien,
Dans les étoiles et leurs poussières,
Ils sont heureux, mourir n'est rien."

Dix ans plus tard je me souviens,
De ces paroles qui sonnaient bien,
Moi écoutant, la bouche ouverte,
Buvant ces mots, ces phrases offertes.

Si maintenant je pense à ça,
C'est que l'être aimé n'est plus là,
Pleurant assise sur son tombeau,
Ce beau discours semble bien faux.

Ce qu'on m'a dit, ce que j'ai lu,
S'évanouie l'heure venue,
Ce soir vos livres et vos histoires,
Je les noie dans mon désespoir,

Je hais ces fables qu'on m'a conté,
Toutes ces images qu'on m'a montré,
Ne disant rien sur le chagrin,
Qui m'envahit chaque matin.

La mort n'est douce qu'entre deux pages,
Et détruit tout sur son passage,
Les fins heureuses n'existent pas,
Les vies qu'elle brise ne reviennent pas.