Grand-mère Vieillard, Berthilde, infirmière
Mère de six filles, Alzheimer t'as volé leurs noms
Mais leurs larmes, leurs pensées et leurs prières
Evoquent ta mémoire avec tendresse et émotion.
Grand-mère Nass, Geneviève, mère de six enfants
Fée du logis, je me souviens qu'en partant
Tu t'accrochais à la machine devant père et parrain
Puis tu t'es glissée ainsi qu'au bord de l'eau, l'embrun.
Grand-père Vieillard, Henri, gadzart,
Broyé par les machines de l'usine
Je n'ai connu les larmes infantiles
De tes filles pleurant l'heure du départ.
Grand-père Nass, Pierre, négociant
Tu ne parlais pas de la guerre ni des camps
Tu es parti à un âge où j'apprenais à reconnaître
Des mots avec des combinaisons de lettres.
Je voudrais à tous vous rendre hommage
Pour les couleurs Vieillard et Nass
Qui recouvrent mon alliage
Qui font son empreinte, sa trace
Tout passe, tout nous échappe
Mais votre présence que j'imagine
C'est mon festin, mon agape !
De côtoyer la mort familière
Quand je crois perdre tous mes repère,
Devant mon Valkyrie, devant mon Elysée,
Oui, je fais une pause dans le passé,
Ils me prennent dans leurs bras
Pour calmer ma souffrance
Et me disent qu'ici bas
Il n'y a pas d'indolence.
Ils me disent qu'il y a toujours à faire
Que ce soit ici ou là, mais que sur terre
Il y a dans l'océan solitaire des balises
Auxquelles le naufragé s'accroche
Quand la barque sur la roche
Avec bruit et fracas se brise.
Ils me disent enfin
De garder un regard enfantin
Et qu'un jour viendra sans douter
Où je pourrai à mon tour enter
En ce lieu dont je ne connais que le pourtour
Et ce sera comme un grand retour.