La légende des feux follets.

Il était une fois,
Ici où là,
Quelque part sur cette terre...
........................................
Dans une forêt, cette reine blanche, vivait seule,
Cachait ses larmes, aux racines des arbres,
Oubliée par le soleil, la peau couleur d'un linceul,
Le vent triste, chantait une mélodie funèbre.

Les jours ombragés s'écoulaient l'un après l'autre,
A chaque instant, long, d'un court millénaire,
Sa vie, brûlait son temps, avec le bois dans l'âtre,
Le feu dansait, insouciant, l'unique luminaire.
........................................
Dans un pays lointain, au pied d'un vieux château,
Chante sous les fenêtres, un jeune ménestrel,
Le son de sa voix s'envole, cristalline comme l'eau
Qui danse joyeuse sur les pierres, intemporelle.

Tous en merveille, noble gente, manant et paysan,
Ecoutent les yeux ouverts, leurs âmes enjouées,
Les femmes virevoltent et charment les courtisans,
Dans ce village heureux, sous un ciel ensoleillé.
........................................
Sous les arches vertes, dans la pénombre de l'oubli,
Assise, au pied de son père, un chêne séculaire,
Les yeux au ciel, bercée, elle voit son rêve accompli,
Sa main, se tend, caresse l'horizon crépusculaire.

Porté par la brise, la musique l'entoure, elle frisonne,
La larme coule sur la joue, petite goutte de rosée,
Sous les volutes de ces notes douces et polissonnes,
Le cœur s'embrase, d'une nouvelle joie, insensée.
........................................
Fatigué, le soleil descend, le jour meurt sur le village,
La paupière lourde, allongée à l'ombre d'un arbre,
S'endort, le ménestrel, la paix du juste sur son visage,
Le firmament aux mille étoiles, unique candélabre.

Quand les brumes des rêves descendent sur le corps,
Une vision née d'un paradis quelconque, apparaît,
Mille images qui fuient, en échangeant sitôt les décors,
Mais, elle, elle reste là, la fée dans son cœur défait.
........................................

Nuit noire, déchirée par la lune qui voudrait les cacher,
Toutes ces étoiles accrochées sur le velours du ciel,
Pour laisser s'endormir, cette reine qui veut se reposer,
Elle-même cachée, à l'ombre d'un nuage immatériel.

La porte des rêves s'ouvre sous la paupière de la belle,
Sorti de nul part, l'harpe à la main, le jeune musicien,
En chantant ses doux vers l'emmène sur un arc-en-ciel
Son corps s'envole porté par le chant de ce magicien.
........................................
Il s'assied à ses pieds, la main qui danse sur sa harpe,
Fait naître dans leurs poitrines, un lys couleur sang.
Son regard, qui brûle de tous les feux d'amour, écarte
Les nuages nocturnes, sur un soleil or, grandissant.

L'amour est né dans leurs cœurs et, il les a enchaînés,
L'un a l'autre, par des bouquets de roses éternelles,
Anneaux faits des larmes et gouttes de sang emmêlés,
Coups de pinceaux pour les plus belles aquarelles.
........................................
Enivrée par l'amour, emmurée dans un silence pudique,
La forêt lui tourne autour au rythme de la chanson.
Elle ne veut plus se réveiller, à l'ancienne vie apathique,
Au milieu des amis, ses arbres, devenus sa prison.

Le soleil se lève et la vie recommence à piailler joyeuse,
Aux premiers rayons qui réchauffent leurs plumes,
Ses yeux s'ouvrent, baignés par les larmes amoureuses,
Incapables d'éteindre dans son cœur les flammes.
........................................
Abasourdi, il cherche dans ses environs la fille en blanc,
Qui vient juste de le quitter, le laissant à la frontière
Du rêve et l'éveil, sans qu'il sache où elle est, tremblant
Sous les morsures cruelles, de pluie froide, acérées.

Mais, l'endroit est désert, le ciel couvert des nuages gris,
Comme son cœur, sous la pluie battante des larmes,
Il ferme les yeux, pour revoir cette reine de qui est épris
Pendant un rêve, vivant, qu'a fait naître cette femme.
........................................
Depuis ce soir là, elle vit les journées à l'orée de sa forêt,
Elle guette l'arrivée, de son beau et doux ménestrel,
Dans ce chemin poussiéreux, en fredonnant ses sonnets,
Sur le dos, l'harpe, amie fidèle, aux sons immortels.

Ses pas, ne foulent pas la terre de cette lisière ombragée,
Il ne viendra que la nuit, sur les ailes des rêves fous,
La prendre dans ses bras, embrasser sa bouche enjouée,
Emporter son corps fiévreux, au cœur des remous.
........................................
Journées vagabondes, à chanter pour les autres, l'amour
Impossible, qui ne vit que la nuit, dans son sommeil,
Quand les yeux se ferment, sa belle femme est de retour
Remplissant la nuit, de son corps, à nul autre pareil.

Des mots d'amour, susurrés, dans la flamme des baisers,
Aux instants fusionnels de ces corps qui se donnent
Un à l'autre, est le cadeau fait aux âmes purs et sincères
Par la vie, temps des cœurs amoureux qui chantent.
........................................
Les années passèrent,
De nuit en nuit, de rêve en rêve,
Les jours furent noirs,
Les nuits furent blanches,
De nuit en nuit, de rêve en rêve,
La neige tombait sur les cheveux...
........................................

Vieillard, fatigue à chercher celle qui lui a donné son amour,
Nuit après nuit, elle à rempli les temps de ses rêves.
Il ferme, enfin les yeux, le souffle s'éteint chez le troubadour,
L'âme s'envole au soleil, laisse le corps sur la grève.

La tombe d'un pauvre est triste et, les fleurs sont déjà fanées,
Sa croix, deux branches arrachées à un vieux chêne.
Une nuit, une flamme s'allume, illumine de sa couleur bleutée
Avant de s'envoler au delà des cieux, une petite étoile.
........................................
Regard vidé, épuisée d'attendre l'homme qu'a fait toute sa vie,
Une reine meurt, sans connaître le bonheur tant désiré,
La belle couchée sur un lit froid en branches et feuilles mortes,
Est partie, silencieuse, vers cette triste, longue éternité.

Sur le corps en paix, une petite lumière virevolte sur le visage,
Comme pour dire adieu, à cette demeure de souffrance,
Avant le voyage qui l'emmènera, dans son royaume sans age,
Près de celui qui l'attend, pour une toute dernière danse.
........................................
Vous autres,
Regardez le ciel de nuit,
Vous verrez danser, sur le ciel,
Deux flammes bleues, c'est eux,
Les amoureux, les deux feux follets.

Septembre, 2008

Écrit par Ianus Nazarenus
Carpe diem
Catégorie : Amour
Publié le 20/09/2008
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 20/09/2008 à 09:25:00
J'en reste coite ! Sublimissime !
°Darkdiamant°
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Très belle soirée à tous
08/04 08:42Ange de Lumiere
Bonsoir les poètes
07/04 09:03Ange de Lumiere
Bonsoir à tous
07/04 08:59Yuba
Je souhaite la bienvenue à Ange de Lumière, de nouveau parmi nous chez les modos :)

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