Il pointe sa plume et passe son tour,
Il revendique les petits mots,
Il parle en rue, de mots d'amour,
Pour se soigner d'anciens symptômes,

Une feuille blanche, une cartouche,
Une clope au bec, un p'tit café,
Un mot sonne faux, il le retouche,
Rajoute deux sucres, pour moins choquer.

Et puis les lignes qui se construisent,
Et puis l'alcool, qu'il rengaine,
Bien trop souvent quand il écrit,
Comme on décrivait, la "Grande Guerre",

Il a un mome, une jolie femme,
Des yeux perçants, des mots d'amour,
IL a fini d'avec ses fables,
Il commence à croire "Toujours".

Et le gamin qui lui, grandit,
Qui d'temps en temps l'appelle Papa,
Et lui qui dit, qu'il est son fils,
Même s'il sait, qu'il ne l'ai pas,

Car l'ADN donnera tord,
Il avait bien les yeux trop bleus,
Et moi trop brun, je vous l'accorde,
Mais j'ai l'amour, et pas qu'un peu.

Il a cinq ans, doué au foot,
Et au bowling, et puis ailleurs,
Il me rappelle, moi qui un jour,
Croyait être du monde le Seigneur.

Quand à l'époque, haut comme quatre pommes,
Je regardais tout fier mon père,
Quand je gagnais, j'étais un homme,
Quand je perdais, c'est qu'l'autre trichait,

Et j'ai fini mes histoires noires,
Pendant quatre ans, j'en ai écrit,
A coup de sang, dans l'encre buvard,
Qui me gommait à chaque ligne.

Et puis au jour, d'ma belle mort,
J'pourrais lui dire d'un regard fier,
A ce Bon Dieu, qu'c'est sans remord,
Et qu'j'ai fait ce qu'il m'semblait,

Le plus juste et le meilleur,
Qu'j'aurais aimé ma p'tite femme,
Et puis qu'mon fils, jamais ne pleure,
Et qu'il écrivais l'soleil d'mon Ame,

A ce marchand de grands tapis,
Et puis à celle qui m'fauchera,
J'sais bien qu'enfin je suis en vie,
Je vous aime fort, Signé Papa.