HIER
Mes souvenirs contradictoires
Fruits d'un silence bleuté,
S'enchevêtrent en ma mémoire
Comme une jungle inexplorée.
Trop loin de leur territoire
Les souvenirs de mes péchés
Se sont rangés à l'écart
Dans un bruit mal étouffé.
Eux, n'étaient pas là pour voir !
Pourquoi veulent-ils juger ?
Le bétail à l'abattoir,
les vaches seront bien gardées ?
Ma vie n'était qu'une foire
Où je paradais, damné.
A force de fêter, de boire,
Je ne pensais pas à penser.
Je n'ai pas appris à croire…
Il fallait me débrouiller.
Noyé dans cet abreuvoir
que j'avais cru bénitier.
Seul sur le quai d'une gare
J'ai vu les trains s'en aller
Car les points de leurs départs
Formaient ma ligne d'arrivée.
AUJOURD'HUI
Thérapies trop imprécises,
Mon âme n'est plus qu'un bordel.
Les regards, chaque fois, m'incisent
Et m'infectent de leur fiel.
Le gâteau sous la cerise :
L'indifférence au pluriel…
N'est-ce qu'une énième autre crise ?
Comment sortir de Babel ?
Las, mon oiseau bleu s'enlise
Qui entend donc son appel ?
Les jours de petite brise
Je ne toucherai plus le ciel.
Je suis mort quoi qu'on en dise,
Puisque j'ai perdu mes ailes,
C'était la moindre des mises
Dans nos petits jeux cruels.
Je vous laisse à votre haine,
Moi qui refuse de ramper.
Allez donc jouer dans l'arène
Si ça peut vous amuser.
Je ne garde que ma peine,
Mon cynisme et mes regrets.
C'est les fardeaux que je traîne
en mes silences hallucinés.
Poème Précédent | Poème Suivant |
Pensée à découvrir... | Poèmes de Le Clown au hasard |
Annonces Google |
Bonsoir, Hier fut Compliqué … Aujourd'hui plus secoué .. que sera Demain ? LyS .. |
|
Lys-Clea |
Magnifique... et la phrase la plus lumineuse, qui m'a éblouie est "comment sortir de Babel ?". Les pièces du puzzle sont toutes présentes, aussi nombreuses soient-elles. L'énigme sera-t-elle jamais reconstruite ? Merci Clown, un favori subtil. | |
Asté |
Il y a dans ce poème une question en filigrane : Qui sommes-nous pour prétendre juger les époques passées, nous qui prétendons les passer au crible de critères actuels qui demain ne seront que poussière ? J'ai aimé l'écriture cash et des expressions telles que "Je ne pensais plus à penser" ou "L'indifférence au pluriel", par exemple. |
|
Ombrefeuille |
Portrait intimiste entre hier et aujourd'hui, de quelqu'un qui se voit sans concession. J'apprécie l'idée de se voir sans filtre, de ne pas se bercer d'illusions ni de faux-semblants sur soi-même. Un poème qui me ramène à cette idée qu'il faut être vrai avec soi-même, se voir et s'accepter tel(le) qu'on est. |
|
Matriochka |
@lyS si je le savais je l'aurai écrit. :-) merci de ta lecture et de ton com' @Asteroidea merci à toi pour ta lecture et tes compliments ! je parle de ce que je connais, c'est pour ça que je parle souvent des mêmes choses mais je crypte. :-) @Ombrefeuille effectivement je peux être "cash" et j'essaie d'avoir le sens la formule (avec plus ou moins de réussites) merci de ta lecture et de ton commentaire. @Matriochka oui la lucidité tout comme l'objectivité sont souvent des armes à double tranchant... on s'y blesse parfois (et c'est pas forcement super vendeur comme philosophie). j'aime "me regarder dans la glace" tel que je fût et tel que je suis... ça dégonfle l'ego et ça étouffe l'orgueil :-) merci de ta lecture et de commentaire . |
|
Le Clown |