Absence
Ils ont grandi dans mon regard mais je meurs de mon absence, les yeux hagards... Quelques embruns de brouillard et de rires frôlent mes joues… Froides de larmes impossibles. Une main d'enfant dessine un sourire sur mon visage malgré moi. Mais il s'efface, tout doucement, il s'efface sous la fièvre de mes chagrins transis. Et je reste seul, immobile, dans le silence d'une maison trop vide…Par la fenêtre je vois les arbres qui tanguent sous les caprices du vent; je vois les enfants qui montent dans la voiture, je vois mais personne ne me voit. A trop veiller, chaque jour, les peines qui creusent leurs joues ou les éclats de rire qui allument leurs yeux; comme ils l'ont oublié…J'oublie que j'existe. Quand ils me quittent je deviens l'ombre qui a perdu son soleil; je les hais, ils me tuent…Je les aime, ils m'offrent la vie, leur vie qu'ils se renvoient dans mon regard, passant des heures à me fixer sans me parler, à me voir sans me regarder. Parfois une chanson remplit la salle tandis que mon cœur se vide, car cette chanson-là n'est jamais pour moi. Je leur offre une identité, je sais qui ils sont mais qui suis-je?
Ils m'abandonnent en souriant, je ne leur manquerai pas mais ils me manqueront eux. Je rêve d'une vie qui ne serait pas la leur, une histoire qui ne serait que mienne mais j'oublie, inexorablement, j'oublie que j'existe. Seul, malade, je redeviens inutile, comme les autres…je meurs encore, une fois de plus; une dernière fois. Mes pensées se taisent. Hier j'ai cru que je pouvais respirer mais ce n'était pas mon souffle, c'était celui d'un enfant penché sur moi qui posait ses lèvres contre les miennes pour s'amuser; il s'est enfui en riant… Reprendre c'est voler! Voleur! Rends-moi ton souffle, rends-moi mon espoir…Mes pensées se taisent... Ma révolte épuisée s'apaise. Je meurs… Aidez-moi, au fond de mes yeux, juste une fois, cherchez mon reflet, que je vois mon visage dans vos prunelles…Juste une fois, je vous en prie. Je sens que ma vie s'en va pour redevenir transparente comme il se doit, c'est injuste mais c'est comme ça…Je suis miroir malgré moi.
Calli Kayan
Octobre 2008
Écrit par Luciolement Votre
L'Amour donne des ailes mais aucune leçon de vol! (Calli Kayan)
Catégorie : Divers
Publié le 02/03/2011
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Magnifique poème en prose. Luciole (si je puis me permettre de t'appeler comme ça), tes écrits sont toujours magnifiques, et surtout si forts et si parlants... Bravo ! |
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Futile Exageration |
C'est magnifique... Pffff...Il faut reprendre de l'air tant ce texte est fort, violent d'une douleur intérieure. Un texte qui m'a ébranlée. |
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Iloa |
très bel écrit | |
angelique |
Tres beau .. amitiés estrella |
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estrella |
Un texte magnifique. Même pour soulager sa peine, ce miroir ne peut pas pleurer car les larmes seraient celles de quelqu'un d'autre! | |
Petit_colibri |