Le morceau d'un voyage
Une feuille blanche sur la table
C'est là toute la ferveur
C'est le bien de toute âme
Qu'écrirait le poète qui ne porte ce nom
Et qu'y liraient les hommes ?
Quelques tours sur le bord
Et le tombeau se creuse
Il n'y a guère plus d'un mort
Qui ait vu ces fers là
Des mots accrochés
Aux entrailles grisâtres
Le mort pense, il hume
Il se délecte enfin
Dans de vils assemblages
De syllabes et de sons
Le mort sent cela en lui
Cette attraction mélodique
La lettre se veut lettre
Et le mot se veut mot
Mais le tout, l'union
La sacralisation ultime
L'assemblage des beautés
En un corps scintillant
C'est le poème naissant
Du flanc d'un pâle aède
On hurle déjà au sommet de la terre
Prenez garde aux vivants
Ce qui vit se consume
C'est l'aigreur des mortels
La poésie est morte
Et elle ne s'en plaint guère
A mourir l'on survit
Elle survit et elle chante
Mourir c'est encore demeurer
Poétisez cela, piètres palpitants
Vous ne faites que vivre
Leurs poèmes règnent.