Quand j'ai des fourmis dans les yeux
tu bouges un peu et j'y vois mieux.
Quand ma tête, comme une andouille, vire
tu souris et j'arrive à en rire.
Quand l'air me manque de toute envie
tu m'embrasses et m'insuffle la vie.

Quand la douleur me rend méchante
je t'aperçois, tout bien joli,
joyeux, avec toute ta magie,
tes mollets beaux comme des z'amours,
tes larges épaules, ta tête de matou,
et envolée la douleur et la mauvaise humeur
de nouveau, grâce à toi, la vie reprend ses droits.

Tu es mon havre,
mon port quand coule ma lave rouge comme du sang,
tu es l'ancre qui m'empêche de m'envoler trop loin
là où l'air est rare jusqu'à en éclater,
tu me retiens, soyeux filet de sureté.

Je regarde au fond de tes yeux pailletés
tes yeux rouges parfois, un peu fatigués,
et j'y vois toute la joie du début du monde
comme si rien n'était joué d'avance,
que tout soit à inventer...
et alors j'y crois de nouveau,
le temps de goûter l'eau dans le puits de tes yeux
très délicatement, sur tes paupières baissées.