Puisqu'il me faut le dire j'annonce la couleur,
la couleur gris orage, anthracite douleur.
Soyez reconnaissants de cette complaisance
je vous épargne ainsi d'inutiles errances
qu'à loisir, semble-t-il, il faut que l'on raconte
vous qui faites devoir de médire sur mon compte.
Qu'on se le dise enfin, haut, vif et claironnant :
je suis folle, rebelle, pleine de l'air du temps,
instable, névrosée, prenant tout au tragique
et les choses sérieuses me rendent céphalique.
Je conjugue "autrucher" à tout l'indicatif,
j'ai autruché, j'autruche, j'autrucherai du pif.
A quoi servirait-il qu'ainsi que tout le monde
je m'angoisse à savoir si la terre n'est plus ronde
si les feux pétaradent, si le soleil éclate
si dans dix ans les mers deviendront écarlates.
Assez d'informations, ce mot là m'indispose
plus de journaux, le silence seul me repose
et le son du piano et les cris des enfants
la voix douce et légère du coeur de mon amant.
Je suis folle, d'accord. Sous les arches du train
dans son fracas de mort, j'irai hurler demain
pour pas que l'on m'entende, et pour cacher ma peine.
Ce cri sera si bon, coulera dans mes veines,
il me rendra plus jeune, plus vierge, presque saine
et plus terrible aussi, féroce et souveraine.
Mes mots vous indisposent ? Quoi, se peut-il que j'ose
vous les lancer tels quels ? Provoquer l'ecchymose ?
Touchez à tout, fouillez partout, je suis rodée
Jugez, angoissez : l'enfant est-il bien soigné,
élevé, éduqué, aseptisé, rangé ?
Est-il comme les autres, bien habillé, peigné ?
Pas battu, pas crochu, traumatisé, bafoué ?
Est-il, mon dieu, est-il... enfin est-il aimé ?
Donc, puisqu'il faut le dire j'annonce la couleur :
je suis folle de vie, de rage et de douleur.
Oui, j'ai fait des erreurs, mon coeur souvent est lourd
j'ai honte quelquefois, l'âme remplie de doute.
Mais pour mon tout petit je ne suis plus qu'amour,
ma folie en a plus que tous vos beaux discours.
Qu'on se le dise.
Écrit par Marouette
On ne sait pas souvent ce que l'on sème,
on ne sait pas souvent combien l'on aime, rien ne nous prépare à marcher dans le sens de la terre. Catégorie : Divers
Publié le 09/06/2011
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C'est quand même déchirant de peine. | |
eric |
J'aime beaucoup même si j'essaie de combattre "l'autruchage" | |
coramouh |
Bah je retiens les deux derniers vers qui rendent le poème si joli ! | |
Dulac |
Je suis remuée, bousculée, et par ailleurs ce travail d'écriture m'épate, je relirai ça souvent et j'y reviendrai | |
flipote |
Tu m'as laissé plein de colère, de rage, et de douleur. Je crois que j'irai hurlai demain aussi. On voit clairement que tu es quelqu'un qui te soucie du monde, et de ce petit être, je suis convaincu qu'il accomplira sinon de grande chose de belle chose, puisque le génie frôle la folie... | |
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