Il voulait s'approcher du coeur sauvage de la vie
ce coeur qui échappait même à ses amis
parce que souvent la vie leur bouche les yeux
ils ne savent plus voir son côté mystérieux.

Il voulait se dégager de tous les artifices
de tous les a priori, les lois, les sens
interdits ou obligatoires, les sens sacrifices
où on laisse son âme et on continue sans.

Il voulait courir avec les loups
retrouver son âme sauvage
il voulait tout ressentir d'un seul coup
ivresse de vieux sage.

Il l'a touché du doigt, le coeur sauvage de la vie
il en a respiré les lourds sucs entêtants
les herbes sauvages têtes bêche lui on offert un lit
odorant des effluves des sèves vénéneuses.

Il a chassé le gibier
il a mangé l'herbe verte en bouquets
les racines serpentines
les baies rouges et fines.

Mais le coeur sauvage de la vie ne fait pas de cadeau
il est sauvage de toute éternité, ne vit que par lui
l'homme s'adapte à ses règles, il les prend sur son dos
ou bien il dépérit, couché sous les iris.

C'est bien là qu'il repose
et sa fuite sauvage
a laissé derrière lui une chose
impétueuse qui ouvre toutes les cages.

Il repose donc là, au bord de l'eau saumâtre
où il s'est abreuvé au milieu des ajoncs
et fait sa décoction de fines fleurs jaunâtres
il s'est arrêté là, saturé de poison.