Au printemps naissant,
Une mouche, revigorée
Par le long endormissement
Où l'hiver l'avait plongée,
Volait entre les bâtiments
D'un quartier bétonné.

Par une fenêtre entrouverte
Dans un appartement entra,
Traversa une pièce déserte
Et plus loin se hasarda.

Arriva en un salon coquet,
Y vit un bon gros chat
Qui sommeillait, l'air quiet,
Dans un fauteuil à bras.

"Non mais! Voyez-moi ce pacha
Qui roupille, tranquillement affalé!"
Se dit-elle en riant aux éclats,
"Je serais curieuse de l'observer!"

En zig-zag vrombissants
Au-dessus du félin se plaça,
De son vol bourdonnant
Plusieurs fois passa et repassa.

Puis, le croyant toujours assoupi
Et voulant en détail le mirer,
A s'en approcher elle s'enhardit
Et sur un accoudoir vint se poser.

Ce qu'elle n'avait pas remarqué,
C'était que le chat ne dormait plus,
Qu'elle avait fini par le réveiller
Par ses incessantes allées et venues.

Ne bougeant pas plus qu'une statue,
De son regard mi-clos la suivant,
Depuis un moment il n'avait rien perdu
Des déplacements de l'insecte insolent.

Et, dès que la mouche fut tout près de lui,
D'un seul coup de patte bien placé il l'aplatit.

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Moralité:
Qui se montre décidément trop curieux
Peut avoir à en subir des effets fâcheux.