Les tableaux imparfaits de mes mots, traduction de ma mauvaise maîtrise des verbes. Besoin soudain, recherche de l'un d'eux, reflet de ma nature ou de mes désirs.
Un commencement ; les émotions. Ceux sur l'amour, la haine, l'adoration ? Non, et puis, lequel des trois, d'abord ? Aucun ; les émotions, abstraites et floues, imprécises, trompeuses. Non, vraiment, préférence pour le concret.
Le savoir, l'ignorance, la découverte ? Un lien entre les trois, comme pour ceux sur les émotions ? Encore une fois, imprécision, abstraction. Tromperie. Le savoir ? Illusion creuse. L'ignorance ? Relative, bien que palpable. La découverte ? Encore moins. Route, chemin, rivière, jamais définition de l'être ; voilà la découverte.
Les mots simples, refuges des verbes, mais aucune définition de la personne en eux. L'encre, simple outil, pour les tableaux et les livres, la connaissance et la création, mais l'être humain, chair, pensées, émotions, animal ? Plus complexe que l'encre, plus rugueux. Alors, quoi ? Un verbe, sale, obligatoire pour la peinture ?
Plus tard, peut être ; pour l'heure peur du creux, du néant et du vide. Interdiction du Je, jeu absurde et difficile. Fil de la plume, dessins, croquis, mais rien de moi là dedans. Rien ? Le brouillon, dans son imperfection. Oui, le brouillon et moi, en esquisses, débuts de dessin, crayonnés, à la recherche d'une impossible perfection. Rien que cela. Rien d'autre. Disparition par le griffonnement.
Dans le présent, fouille du passé imparfait, transformation du passé simple en passé décomposé, ébauche d'un futur plus simple. Mais rien. Errance, années d'errance, et au final rien. Pas un mot simple pour l'expression de l'être. Un mot complexe ? Soit. Lequel ? Aucun. Un nom commun ? Insupportable idée. Un nom propre ? Propriété non-privée. Un adjectif ? Aucun d'assez précis. Un adverbe, alors ? Simplement, non, confusément, éventuellement.
Mort par les mots ; renaissance par le verbe ? Par la poésie, l'alexandrin ? Les vers ? Par la privation, transformation de l'eau en vin et du verbe en or. Attente de la sonnerie de la renaissance de ma langue, de ma plume, ici bien fade et si froide. Sifflant et sourd, l'espoir d'un sauvetage par l'assonance. Souffle court, quintes de disharmonies, fatigue d'une écriture sans accords. Impatience de la cloche salvatrice du diapason linguistique.
Abandon de la recherche ; attente, espérance et prières. Puis désaltération du poignet, libération de l'âme par le Bordeaux vieux ou par la piquette, selon l'envie d'envol ou de chute. L'avantage du vin dans l'encrier ? La gratuité et le charme de l'incertitude. L'inspiration, simple, sans millésime, sans domaines et sans origines, prétentieuse, hautaine et libératrice.
Voici mon esprit, ma plume et l'encre. A ta guise ; un lai, un sonnet, un madrigal ? N'importe quoi, mais quelque chose.
Devant toi l'esclave sans plume et sans verbes. Devant toi le vide sans définition à forme prétendument humaine. Devant toi une marionnette dans l'attente de tes doigts joueurs.
Devant toi Tantale, et, dans tes bras, le raisin et l'eau.
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Superbe ! Au commencement n'est pas le verbe. Au début est l'être nu qui babille en cherchant des mots à assembler. Loin de lui l'idée d'une esquisse de madrigal. Plutôt, les plus simples mots seront élus pour témoins de la difficulté à dire. Et aucun verbe dans les mains, car le verbe est action et il faut déjà calmer de mots les émotions qui se précipitent. Certes, un poème en vers, en prose, un récit, un roman même peuvent être au bout de tout cela, mais, tout d'abord, ce sont les mots que nous assemblons qui commandent le puzzle final, guidé par les sensations ressenties et la nécessité urgente ou non, de dire. J'aime beaucoup votre réflexion très lyrique, poétique en diable. Je la place dans mes favoris pour la relire. Merci à vous Metatron ! |
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jacou |
très intéressant mais difficile à lire par sa présentation . | |
marinette |