Les mains de François
Par mon Dieu et ma foi, que j'aime donc tes mains !
Vois-tu, mon vieil amour, je les baiserais bien
Si je n'avais ce soir la crainte, assurée,
De passer en famill' pour une vieill' piquée.
Le chiffre de nos ans dépasse quatre-vingt
Allons-nous nous remettre à valser, mazurker,
Et allons-nous sombrer dans le stupre et le vin ?
Adieu tendre rumba, adieu la chaloupée.
Non, ce n'est pas, vois-tu, un retour de jeunesse
Qui me jette ce soir vers tes très vieilles mains
Veinées et noueuses et pleines de rudesse
Pour avoir, au rabot, tant pressé le sapin.
Cinquante ans sur les toits, ou bien à l'atelier
Dans l'odeur des copeaux, et la poussière fine
Qui poudre ces deux mains et ton vieux tablier,
Collée par la sueur de ton front qui s'incline.
Attentif et précis, parfois un peu colère
Contre les nœuds du bois et tes douleurs de reins,
Que tu m'y semblais beau, mon bien-aimé p'tit père,
Jusqu'au jour où ferma l'atelier, en juin.
Ah oui, décidément, je te baise les mains !
Écrit par Mokolo
Mieux vaut rire que pleurer... mais il n'est ni honteux ni interdit d'être ému aux larmes.
Catégorie : Amour
Publié le 10/10/2015
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Flipote, vous êtes partie pour le paradis des poètes, sans prévenir. Soyez en paix, chère amie ! J’ai eu le plaisir, à sa demande, de publier ici vingt de ses poèmes lorsqu’elle avait diverses difficultés pour le faire elle-même. C’est tristement que je le fais aujourd’hui pour la vingt-et-unième et dernière fois avec celui-ci qu’elle avait écrit pour son bien-aimé mari: François. |
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Mokolo |
Doublement émouvant, un bel hommage à ces mains de travailleur du bois, j'ai connu plusieurs artisans, je vois encore un vieux menuisier caresser une pièce de chêne qu'il venait de raboter, ses yeux brillaient de plaisir. C'est bien d'avoir posté ce poème posthume, votre amie est sans aucun doute au paradis des poètes, elle est heureuse. |
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Vincendix |
C est avec beaucoup de chagrin que je viens de lire ..flipote était une belle personne bisous doux ma poétesse bisous sucrés ... | |
MARIE L. |
Magnifique poème qui m'emporta le coeur dès la première ligne. Et d'autant plus après lecture de votre commentaire Mokolo.Un joli poème pour son mari et un joli hommage de le republier. Paix à leurs âmes. |
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Shaim |
merci à vous très cher Mokolo, regrettable et triste nouvelle qui fend le cœur, elle nous choyait tellement de ses poèmes donnant animation et vie à ce site... qu'elle puisse reposer en paix |
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zeste |