En ce temps-là son front n'avait pas une ride
Il n'était pas très beau, et hélas très timide,
Romantique et rêveur, il ignorait la drague
Et n'avait du coït qu'une notion très vague.

Il croyait à l'Amour rimant avec Toujours
Qui tomberait sur lui, coup de foudre un beau jour ;
Voici en quelques mots un bref portrait d'Hervé
Intelligent pourtant, mais par trop réservé.

Un certain soir voilà que quelques camarades
L'entraînèrent en groupe écouter dans un stade
Un chanteur enragé, idole du moment,
Exaltant son public avec ses hurlements.

La foule était nombreuse et les fans excités
Fabriquaient, eût-on dit, une électricité
Qui saturait les corps de chaque individu ;
Hervé dans tout cela se sentait tout perdu.

Ses compagnons et lui groupés près de la scène
Se trouvaient entourés de maints gueulards obscènes,
De filles presque nues et de garçons pompettes
S'adonnant sans complexe aux joies de la fumette.

Un mouvement de masse amena près de lui
Une blonde très belle, il se trouva séduit ;
Se sentant sur le point de tomber foudroyé
Il sentit brusquement sa face rougeoyer.

Sous le coup de l'émoi ses poils se hérissèrent,
Puis tout son corps trembla, ses jambes flageolèrent,
C'était Elle bien sûr... Celle qu'il attendait...
« Comment, se disait-il, faire pour l'aborder »?

Elle était merveilleuse, autant que la Madone
Aimante et adulée, qui sourit et pardonne
Comme on le dit souvent aux enfants captivés.
« Je souhaitais la trouver, voilà, c'est arrivé »!

« Comment, se disait-il, capter son attention?
Que j'ose lui parler serait la solution
Mais avec ce boucan va-t-elle me comprendre
Saurai-je articuler ce qu'il faut de mots tendres?

Je vais à tout le moins me porter auprès d'elle;
Si par bonheur elle est aussi douce que belle
Très vite elle verra mon émotion extrême
Et elle engagera le dialogue elle-même ».

Porté par cet espoir, il fit ce qu'il fallait
Pour approcher la Belle, ainsi qu'il le voulait,
Près jusqu'à la frôler,bien sûr discrètement
Comme on fait pour Vénus fort dévotieusement.

Il parvint à la fin à côtoyer l'Elue
Eprouvant en cela l'euphorie absolue
D'autant qu'elle tourna son visage vers lui
Qui, béat, remarqua qu'on était à minuit.

« Par la grâce des fées, elle m'a remarqué!
Maintenant aucun doute elle va me parler;
Elle aura commencé, je pourrai lui répondre
Et d'amour aussitôt pour moi elle va fondre ».

Or la Bouche Divine articula ceci
Qu'il crut d'abord avoir carrément mal saisi :
« Arrête de frotter, bouffon! T'as vu ta gueule?
On dirait un puceau qui reluque une meule* »!

Conclusion: coma, SAMU, évacuation,
Dépression, et très longue hospitalisation...
Puis il se réfugia dans un pauvre couvent,
Certain qu'Amour-Toujours n'est jamais que du vent.

___________________________________________________

* meule (argot) = deux-roues motorisé: moto, mobylette.

Écrit par Mokolo
Mieux vaut rire que pleurer... mais il n'est ni honteux ni interdit d'être ému aux larmes.
Catégorie : Divers
Publié le 19/09/2013
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 19/09/2013 à 03:16:08
Triste histoire
angelique
Posté le 19/09/2013 à 10:47:43
Et bien dites donc ? j'espère que ce n'est pas un épisode de votre vie ! car ce poème à par ça est génial juste génial quel talent ! j'ai eu un cafouillis avec mon vieil ordinateur ! quelle barbe et je ne sais pas me corriger vous embrasse
flipote
Posté le 19/09/2013 à 13:38:37
Angelique, merci de m'avoir lu.

:-) Mais non, chère Flipote, et merci pour votre appréciation (bien que "génial" soit sûrement trop indulgent).

Rassurez vous, ce texte n'est nullement un épisode de ma vie. Comme beaucoup de jeunes j'ai eu des déceptions, mais jamais à ce point là... en tous cas je ne suis pas cloîtré dans un quelconque couvent.
Mokolo
Posté le 20/09/2013 à 11:18:28
Un si joli conte de fées ,une histoire de prince charmant qui s ach'eve Si tristement! il y a un fosse entre les rêves et la réalité. ..Chacun,chacune l apprend a ses dépens un jour ou l autre...j aime le texte qui monte en puissance pour devenir "chaud"c est passionant.bises
Louloute
Posté le 20/09/2013 à 12:12:59
:-) Bonjour, "ma" Louloute.

Content que ça t'ait plu... Bises.
Mokolo
Posté le 11/10/2013 à 08:56:15
J'étais passé à côté de ce poème bien écrit et agréablement brossé; je ne regrette pas ma lecture, cher Mokolo ! Amitié de ANTEROS.
ANTEROS
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19/04 08:58Sarahg
Ok.
19/04 08:56Plume borgne
J'ai pas dit le contraire
19/04 08:52Sarahg
Non, les destins peuvent être merveilleux.
19/04 08:50Plume borgne
Tout se résume au livre ivre d'une vie de givre
19/04 08:00Sarahg
Remarque, un livre où tout est déjà accompli, ce serait pas mal.
19/04 07:45Sarahg
Ce serait un livre douloureux. Un livre a besoin d'une histoire, de vie.
19/04 06:43Plume borgne
Imagine un livre d'une page dont le titre serait livre dans lequel il n'y aurait que le mot livre en préface en histoire et en résumé
17/04 07:42Sarahg
"C'est pas marqué dans les livres que l'plus important à vivre est de vivre au jour le jour, le temps c'est de l'amour..."
17/04 07:25Plume borgne
Les décisions sont un fléaux
17/04 06:51Sarahg
Indécis et ancré à la terre du destin.
17/04 05:00Plume borgne
Essaye d'imaginer quelque chose en étant le plus indécis possible
17/04 02:47Sarahg
Imagine qu'il n'y ait jamais de tristesse indicible
16/04 08:28Plume borgne
Imagine qu'on parvienne à tuer l'ennui
15/04 10:58I-ko
imagine qu'il n'y a rien à tuer ou à mourir
15/04 05:16Plume borgne
Pourquoi ne pas imaginer l'imagination ?
14/04 04:41Bleuet_pensif
Si seulement cette imagination était réelle...
14/04 04:31I-ko
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12/04 07:39Ocelia
Imagine les gens vivant pour maintenant, imagine si le paradis était un mensonge. Lennon
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11/04 04:09Sarahg
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