Dans ma forteresse, au fond d'un placard
Sur une tablette en poussière de ma mémoire
J'ai autrefois rangé mes émotions
Dans une petite boite en carton
 
Elles étaient jeunes et intimidées
Par tant de gangster scolaire
Mes émotions avaient beaucoup trop souffert
Pour les protéger, dans une cachette je les ai rangées
 
Je parti voyager ma vie, sans elles
Fort d'une décision si rationnelle
Nuls doutes qu'un cœur fermé serait plus léger
Sans émotions qu'il faut gérer
 
Pour ne pas faire demi-mesure
Autour de mon cœur, j'ai érigé un mur
Forteresse faite de pierres dures
Ma foi, un abri des plus sûrs
 
Et mon voyage, de saisons en saisons
A été bien long sans mes émotions
Je n'avais pas réalisé, qu'elles étaient la porte de mon cœur
Et sans elles, je fus si seul et ma vie sans chaleur
 
Au fil du temps, j'ai laissé passer bien des amitiés
Tapis derrière mon mur de pierres, solitaire et esseulé
Mes souvenirs sont de regrets
Pourquoi entretenir tant de secrets?
 
La solitude est une terre brulée
Mon voyage désertique n'est pas encore terminé
Mais j'ai soif d'amitiés, soif d'aimer
J'en ai marre de me cacher
 
Alors un jour, le long de ce parcours en béton
Après tant d'années sans émotions
Je suis retourné dans mon vieux placard, pour voir si au fond
J'y retrouverais toujours, empoussiérée, ma boite de carton
 
Elle était encore là! Et je l'ai ouverte avec émois
Surprises de me voir et folles de joie
Tout un tas d'émotions m'ont sautée dans les bras
Dans cette étreinte j'ai pleuré, j'étais petit, comme autrefois
 
Pleurer! Ce que j'ai tant et toujours voulu éviter
Signal de ma faiblesse qu'il fallait camoufler
Aujourd'hui ces pleurs ne sont pas de douleurs
Ils sont une joie, une retrouvaille avec chaleur

Dans mon mur de pierre, j'ai donc fait une embrasure
Pour laisser passer le soleil, et de ses rayons, les murmures
Il faudrait bien détruire ce mur
Mais je n'en suis pas encore prêt, pas encore sûr
 
Peut-être qu'avec une porte et quelques fenêtres de plus
Ma forteresse serait plus accueillante…