Il n'y aura pas de salut pour les bouches fermées.
Un samedi comme un autre.
Un de trop. Une bouteille et des jouets d'apéritifs. Le pacte social s'est tissé d'une main de maître. Les araignées grimpent, prêtes à se dévorer à la moindre faiblesse. Elles se regardent et s'aiment pour remplir leurs journées.
Elles n'ont pas d'espérances si ce n'est celle de ne pas rester seules un jour de fête. Attachées au réel jusqu'à en mourir d'étouffement, les araignées ne muent pas. Elles se salissent de plus en plus et traînent un boulet qui gonfle comme un flocon de neige que l'on roule.
Le soir est tombé.
L'heure de la réunion.
Arrivées seules, en couple de faussaire, les araignées exultent. L'air est pur, elles le pensent subversif. Il est commode et vivable. On ne fume plus même dans les maisons. Mais on y boit à petites gorgées. On s'envoie surtout de vaines embrassades jonchées de poison. Celui qui tue dans le lit à l'heure des corbeaux. Les araignées ne voguent pas la nuit quand leur esprit s'épuise de sang. L'agonie a des limites. Elles restent étalés dans de grands matelas et regardent leurs bouches ingurgiter la pitié qu'elles inspirent. Elle est invisible. Dommage pour les armuriers.
La réunion est belle.
Les verres se remplissent vite. Se vident lentement. La peur du gendarme. La peur de tout. La peur de solitude. L'envie d'être ensemble pour brouiller les pistes. Cercle vicieux. Chacune dérive sur ses propres envies et n'utilise l'autre que comme tremplin, un dos courbé pour mettre son pied, l'écraser et passer plus haut que l'amas de cadavres. Mais chacune est déjà un cadavre. Les années passées au solde de l'image ont blanchi la peau et fait tombé les dents. Les crocs sont partis retrouver des mâchoires plus agréables, plus affirmées. Ils sont partis exploser les causes impossibles. Les jardins d'enfant n'attirent plus.
Les araignées, elles, vivent en paix. Elles n'ont rien à envier. Les hormones ont gonflé leurs muscles. Rétréci leur cerveau. Ce qu'elles ont leur convient.
La convivialité est digne.
C'est un beau samedi soir, une nuit froide. Chaude ou froide, elles ne le savent plus. Les jours sont les mêmes en dépit des saisons et des extrêmes qui tuent.
L'assemblée se dissout.
Le rire est calme, distant, chacune pense à la bonne approche qu'il lui faut prendre.
Il est l'heure du presque pire.
Les araignées en rencontrent d'autres. Elles s'épient, cherchent ce qui leur manque, ce qu'elles détestent, se dressent entre elles, se regroupent dans un coin sombre et idolâtrent leur venue.
Il est temps de rendre grâce aux heures perdues comme esclaves, de retrouver les terreurs premières, d'aider les boîtes à exploiter le malheur. Perdre le contrôle. Impossible. Les couteaux sont mortels quand on les vomit.
Les araignées ont atteint le dernier grade de l'utilité. Payer les vieux et les ponts qui noient l'arbuste sous une dent de fer.
Elles le sauront au réveil, l'oublierons en mettant sur leurs toiles des souvenirs de nuits pathétiques.
Dans la nuit maquillée, des miroirs leur offrent l'effet d'être présents, des regards que leur sexe est désirable. Il se ferme. Proscrit la douceur et élève le besoin au rang d'art. A genoux bande d'oignons, la saillie commence.
Les araignées ressortent fières et glorifiées de leur aventure carnivore. Les voitures partent. Les bises deviennent amères.
Les araignées sont les poubelles de l'époque. Des éponges à scénarios huilés qu'elles restituent en croyant à leur trône.
Et à l'heure où le sommeil atteint ses neiges, elles rentrent se réchauffer en laissant crier ceux qui greffent le sable d'aphorismes inutiles.
Écrit par Ole Touroque
http://badurkax0.blogspot.com
Catégorie : Triste
Publié le 13/12/2008
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Je l'aimais pourtant bien mon texte... | |
Ole Touroque |