Elle marchait dans ce couloir ténébreux,
Juste éclairé par une faible chandelle,
Au risque de tenter l'homme scabreux,
Fallait-il qu'elle soit sûre d'elle.
Pauvres anges étourdies par l'absinthe,
Sacrifiées sur l'autel des Orphéons,
Habitées par le rêve d'un Apollon,
Dans l'antichambre l'étreinte.
Elle était aussi belle qu'une Aphrodite,
Que l'on avait jetée sur la poussière,
Dans sa condition elle était maudite,
Injuste était l'aube et sa misère.
Des hommes masqués se ruaient vers elle,
Ainsi que des inquisiteurs satisfaits,
Des conventions qui brûlent l'aile,
D'un ange qui par là se défait.
Oiseaux, tigres, chevaux et panthères,
Toiles défraîchies et sans apprêt,
Des vieux perroquets en volière,
Et quelques vieux tapis rappés.
Elle se mirait dans ce miroir immense,
Et se questionnait sur son destin,
Ses désillusions étaient intenses,
Et bien maigre était le festin !
Ses grands yeux d'azur où se perdaient
Quelques hypocrites si coupables,
Renvoyaient l'enfance affable,
Et la douleur qui la mordait !
Quelqu'un se souvenait de son prénom,
Ailleurs, dans un pays de champs,
Une mère qui l'aimait d'autant,
Qu'elle était sa seule raison.
Là-bas à la ville l'avenir promettait
Un métier, une chance de réussite ;
Mais elle retint très très vite,
Que tout le monde y mentait !
Le prince n'y avait jamais élu demeure,
Pas plus que ses rêves de jeunesse,
Et avant qu'elle n'en meure,
Il restait une promesse.
Un amour idéal qui avait peut-être été
Comme une vague idyllique éperdue,
Echouée par ici en plein été,
Oui, elle s'y était perdue.
OR
Écrit par Alphaesia
"Le rêve est une folie passagère, et la folie est un rêve qui n'en finit pas !" Arthur Schopenhauer
Catégorie : Social
Publié le 20/10/2019
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C'est un sublime écrit ! Les mots sont restés sur le miroir du temps... Bravo Olivier |
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Yuba |
Magnifique dans la forme et le fond Triste réalité que celle des désillusions qui poussent tant de naufragés à se résoudre au plus vil des "métiers" ... Quand la poésie interroge la conscience. Magistral ! |
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Ombrefeuille |
Merci Yuba et Ombrefeuille, du fond du coeur. Disons que certaines "conditions" me touchent plus particulièrement. |
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Alphaesia |
Un temple que j'ai traversé aux côtés de cette femme brisée, comme dans un rêve... C'était saisissant, merci Olivier ! | |
grêle |
Un tableau qui m'a fait penser à l'univers de Cocteau, à son film "La Belle et la Bête", et aussi aux œuvres surréalistes et beauté et contestation font alliance pour renverser les conventions... J'apprécie beaucoup cette poésie, en vers savoureux, qui est une exposition. | |
jacou |
Merci beaucoup pour vos commentaires grêle et jacou... Je suis ravi d'avoir pu vous inspirer de telles impressions. | |
Alphaesia |
J'adore ce temple de la rêveuse. Il y a là tout ce que j'aime. J'aimerais être peintre pour le faire voir. Merci à vous. |
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scyles |
Merci beaucoup scyles, mais la poésie et la peinture sont pour moi très proches, et les deux domaines artistiques s'inspirent mutuellement, je crois. | |
Alphaesia |
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