J'ai longtemps cheminé sous des cieux solitaires,
Sans chercher le secours d'étreintes éphémères,
Sans soupirer après ces feux qu'on dit plus forts,
Capables de souder les destins et les corps.

Tous, famille et amis, tenaient pour évidences
Ma présence fidèle et tant de confidences
Que l'on pouvait me faire, au creux des mauvais jours,
Quand chaviraient soudain les rêves, les amours.

Nul ne songeait aux doigts glacés de l'amertume
Qui parfois recouvraient d'une profonde écume
Les brumes de l'absence où reposaient mes nuits,
Et qui s'effilochaient comme autant d'appels, puis …

J'ai rencontré quelqu'un, une âme de lumière
Aussi inattendue qu'une fleur sur la pierre,
Et nous avons puisé au vent du même ailleurs
Les parfums les plus doux, les nectars les meilleurs.

Alors, autour de nous, perplexité, surprise,
Incrédulité même, et ce rien de méprise,
Ameutés de partout, se sont comme ligués,
Se sont montrés pesants, se sont scandalisés.

Or, un simple duo, est-ce à ce point étrange ?
Nous dira-t-on enfin ce qui choque et dérange
Dans les deux voix mêlées du sable sous nos pas
Et dans la vague où tremble un rivage moins las ?

Qui saisira jamais les larmes des étoiles
Versées au bord du cœur caché sous de longs voiles
Où s'est émerveillée la danse du regard ?
J'aurais tant à écrire entre les lignes, car …

J'ai rencontré quelqu'un, une âme d'excellence
Aussi insoupçonnée que l'écho du silence,
Et nous avons creusé au puits du même ailleurs
Les sommets les plus purs, les souffles les meilleurs.