C'est un matin de mars où, du fond de la ville,
Monte le grondement d'une intense clameur :
Larmes et chants mêlés, embrassades, ferveur,
Rumeur d'un peuple entier qui se dresse et jubile.
Car le roi met un terme au pacte d'infamie
Et s'assied sur le trône, écartant le régent ;
Un roi de dix-sept ans qui s'avance au-devant
De son destin terrible, en cette heure assombrie …
Il rend à son pays la liberté, la gloire,
Rompant résolument les attaches du joug
Qu'a gravé de son sceau la main d'un démon fou,
Il rend à son pays la clef de son histoire.
On danse dans les rues, on vibre d'allégresse,
Car voici restauré l'inaltérable honneur
De l'antique Serbie, son élan, sa splendeur,
Son unique trésor et sa seule richesse.
Le Führer ne saurait tolérer la bravade :
La guerre est pour demain, peut-être pour ce soir …
Europe, souviens-toi de ce levain d'espoir,
Europe, souviens-toi du printemps de Belgrade !
* * * * * * * * * * * *
Note : Ce poème m'a été ispiré par les événements que voici :
- Depuis l'assassinat du roi Alexandre 1er de Yougoslavie en 1934,
son fils Pierre étant trop jeune pour régner, c'est le prince Paul,
frère du défunt roi, qui assure la régence.
- En 1937 et 1938, des accords de non-agression sont signés avec
l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste. Et en mars 1941, la
signature d'un pacte tripartite avec Hitler et Mussolini scelle
l'asservissement de la Yougoslavie à l'Allemagne et à l'Italie.
- Or le 27 mars, le jeune roi Pierre II, âgé de dix-sept ans
seulement, anticipe sa majorité et monte sur le trône, rejetant
le pacte. Immédiatement déferle dans les rues une foule en liesse
qui acclame le jeune monarque et lui témoigne son plein soutien.
Le slogan que l'Histoire retient est : « Plutôt la guerre que
le pacte, plutôt la tombe que l'esclavage ! »
- Les bombardiers de Hitler pilonnent Belgrade depuis l'aube du
dimanche 6 avril jusqu'au soir du lendemain, marquant ainsi le
début d'une guerre particulièrement féroce dans les territoires
de la Yougoslavie démembrée.
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Histoire
Publié le 27/03/2021
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Magnifique écriture.. et un hommage à la liberté, qui n'a pas de prix. Bravo Ombrefeuille. |
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capri |
C'est superbe ! Merci pour ce parallèle historique si bien écrit ! |
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virgile |
Bonsoir Ombrefeuille, Plume dans son Aisance pour un Grand Moment Historique .. Chère Professeure, je suis vos Cours avec Assiduité .. L'Histoire, sous votre Plume, est plus limpide, imagée, fort bien contée .. Merci ! Bravo à Toi, Amitié *** LyS .. |
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Lys-Clea |
Merci Ombrefeuille pour cet hommage douloureux.. Il y a des anniversaires qui ne devrait jamais avoir lieu. Si les hommes n'étaient pas assoiffés de pouvoir. Un très bel écrit Orchidee |
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orchidee |
Un pan de l'histoire très sensiblement versifié. Merci Ombrefeuille de cet hommage vibrant d'humanité, il faudrait toujours se souvenir... | |
Asté |
Un poème d'inspiration historique documenté, dans lequel tu restitues admirablement un fait de l'histoire de la Serbie, berceau d'un peuple fier de ses origines, de son histoire, de sa culture, de sa liberté que ce tout jeune roi tenta de lui restituer. Mais c'était sans compter avec la mégalomanie, la folie génocidaire, même, d'un monstre comme l'humanité en produit parfois! J'ai beau savoir combien tu t'intéresses à l'histoire des Balkans et de la Serbie en particulier, il fallait un sacré talent pour résumer un fait historique si important pour le peuple serbe d'une façon aussi pertinente! Amitiés de la Russie (la vraie... biélaïa Rossiïa!) ;-) et triple bizzz à toi :-) *** |
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Matriochka |
Merci à tous et à chacun pour vos lectures attentives. Ce fut un honneur pour moi que de vous partager ce que je sais de ce jour grand entre les grands, où un peuple, uni derrière son souverain légitime, se dressa face à la barbarie de son temps. Nous serions avisés de nous en inspirer, car l'ennemi est chez nous, il égorge des profs ou de simples "anonymes" et se trouve des alliés sur l'échiquier politique existant. @Capri - Oui, la liberté, la vraie, celle qui est intérieure avant tout, dépasse bien des illusions après lesquelles nous courons. @Virgile - Attention à la surinterprétation ! De "parallèle" il n'y a point dans mon texte. Je rends simplement hommage à un peuple qui a toujours su qu'il vaut mieux mourir libre que vivre esclave. Il serait imprudent d'y voir une quelconque identification avec notre époque, notamment avec la manière dont nous vivons la crise sanitaire, et plus encore avec les diverses manifestations de rupture avec la règle commune, qui étalent au grand jour, au contraire, le vacarme que font quelques-uns pour décourager l'ensemble, comme si les choses n'étaient pas déjà assez compliquées sans cela !!! @Lys-Cléa - Mille mercis pour ton éloge de ma manière de conter l'Histoire. Au fond, c'est à mes profs de jadis que je dois beaucoup : J'en ai eu d'excellents, qui savaient rendre le passé si présent qu'on s'étonnait d'entendre soudain sonner la fin du cours :) @Orchidée - C'est vrai, on souhaiterait ne pas avoir à commémorer certains événements, car on voudrait qu'ils n'eussent jamais eu lieu. Cependant il importe de garder vivante la mémoire, car la soif de pouvoir est aujourd'hui encore plus répandue, encore plus banalisée, n'importe quel ignorant pouvant, en se servant d'Internet, lancer des appels au chaos, à la haine, à l'assassinat, et fédérer en un clic assez de "moutons de Panurge" derrière lui alors qu'il n'a précisément rien, mais alors là rien de rien, pour prétendre se mettre à la tête de quelque instance que ce soit. L'attrait de la célébrité, même éphémère, peut transformer un sombre inconnu en apprenti dictateur. @Asté - Oui, se souvenir ! Toujours ! Pour ça, je sais que les Serbes entretiennent la flamme, et ce n'est pas du passéisme, l'histoire de leur pays s'étant toujours révélée douloureuse, y compris à notre époque, la question du Kosovo notamment restant une plaie ouverte. @Matriochka - Tes mots me vont droit au coeur, car combien de fois t'ai-je "assommée" avec "ma" Serbie !!! LOL ! Et tu écoutes toujours avec patience, même quand tu dois me rappeler que j'ai un bus dans vingt minutes et que si je le loupe, adieu la correspondance et au final rendez-vous loupé ;))) Pour revenir au sujet de mon texte, j'ai retenu l'une des devises des "Haïdouks", combattants serbes contre l'occupant ottoman aux XIXe et XXe siècles : "Pour la Croix Vénérable et la Liberté Dorée !". L'équivalent de notre médiéval : "Montjoye Saint- Denis !" en somme. A nos oreilles occidentales et contemporaines cela peut sonner bizarrement ... Je trouve, moi, que c'est le creux, le vide, des mentalités selfie d'aujourd'hui qui font entendre le boucan de leur néant, et qu'il nous serait profitable de nous nourrir d'exemples illustres tels, entre autres, ceux des Russes Blancs tes ancêtres qui, fuyant la révolution des soviets, ont déployé une énergie admirable pour garder vivante la flamme de la Conscience. Triple bizzz itou ***, pour cette Pâque-ci et celle du 2 mai (orthodoxe). |
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Ombrefeuille |
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