Il n'y a sur la plaine où s'alanguit l'été
Qu'un silence immobile et pas ombre qui vive.
Seule une route passe, imperturbable rive
Des heures qui s'en vont sous le ciel excédé.
La lumière est un long soupir de l'infini,
D'un ennui sans reflets, une calme brûlure,
Et parmi l'herbe sèche il reste le murmure
De la brise défunte où s'est lové midi.
Or, voici que quelqu'un chemine, pas à pas,
Les épaules chargées d'une soif lancinante
Et d'une lassitude où la chaleur dolente
Se coule et se répand, le dos lourd, le front bas.
Son regard est tendu vers un arbre lointain
Dont le souffle puissant traverse la poussière,
Il embrasse déjà la silhouette fière
De ce guetteur ami, de ce veilleur serein.
Il s'approche, il s'assied, s'allonge et s'assoupit
Au pied du tronc placide et sous le dais paisible
Des feuilles déployées, voile presque intangible,
Contentement du corps et repos de l'esprit.
La touffeur s'est emplie d'un grondement confus,
De ce roulement sourd des nues enténébrées
Qui jette à l'horizon des lueurs déchirées
Et tire le dormeur de ses songes fourbus.
L'homme rouvre les yeux et se lève aussitôt :
Il se met sans tarder en quête d'un refuge,
Car l'orage grossit, et déjà un déluge
D'éclairs pleins de fureur épouvante l'écho.
Il avise une grange esseulée, à l'écart,
Il s'y hâte, y parvient tandis que le tonnerre
Semble partout monter du ventre de la terre,
Jetant dans la stupeur le soir craintif, hagard.
Soudain, frappant tout près de son doigt véhément
Une cible choisie parmi cent à la ronde,
La foudre pétrifie les profondeurs du monde
Et fige le temps-même en un instant dément.
Alors, comme rompant l'étreinte d'un géant,
La pluie s'abat enfin, vague, torrent, tempête …
Le marcheur, fou de joie, surgit de sa retraite
Et boit cette eau venue de l'empyrée béant.
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Nature
Publié le 01/07/2021
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J'aime votre style et votre histoire cohérente et classique. Bravo ! |
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virgile |
Bonsoir, Favori ! ! Que dire ! Les Images viennent dans ce qu'Elles véhiculent : Cette Chaleur insupportable, qui épuise .. cet Homme seul qui marche .. cet Arbre où l'Ombre est attendue, et cet Orage de grande Puissance qui déchire le Calme .. la Pluie si bénéfique, Eau indispensable de Survie ! J'aime ces Heures qui s'en vont .. La Foudre et son Doigt véhément .. Du Bonheur !! Amitié *** LyS .. |
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Lys-Clea |
bonjour Ombrefeuille tes mots sont sublimes et précis pour décrire ce délire météo... on suit cet homme dans ses périgrinations et j'ai apprécié ta plume féconde ! en favori ! bonne journée ! prends bien soin de toi ! au plaisir de te lire !amitiés vives :) |
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romantique |
Magnifique, ciselé comme de la dentelle, un rythme parfait tout du long, on est happé par la beauté des tournures | |
Edelphe |
Superbe histoire poétique! On dirais le début d'un roman! Intéressant. On s'imagine si bien la scène. Ce fut une belle lecture, merci! | |
Musouka |
Un poème prenant, ma chère Ombrefeuille! Les termes que tu as choisis pour évoquer la scène en font ressentir chaque élément, cette chaleur lourde, l'arrivée de l'orage, son déchaînement dantesque et, dans la toute dernière strophe, la libération qu'apporte la pluie. Et l'homme perdu dans cette tourmente paraît si petit, si faible, dans un tel désarroi, lui que la pluie abreuve de sa force vitale. J'aime beaucoup le crescendo par lequel tu mènes ce poème au bout, qui en renforce encore la puissance. Bref... magistral !!! Merci beaucoup pour ce partage qui signe la qualité poétique de ta plume, à mon avis une des meilleures en style classique ;-) Triple bizzz à toi :-) *** |
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Matriochka |
assister à cela sans bouger de peur de déranger ... tu as une si belle façon de raconter de poser chaque mot que cela devient des instants de vie de rêve ... merci Ombrefeuille :) |
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MARIE L. |
Grand merci à tous et à chacun pour les mots que vous ont inspirés vos lectures attentives, ainsi que pour les éloges faits de ma plume qui en rougit de confusion ...;) J'ai toujours aimé les orages, et quand j'étais enfant l'électricité sautait à peu près à chaque fois, ce qui me donnait l'occasion, à la lueur des bougies et lampes-tempête, d'imaginer un monde disparu dont le mystère devenait vivant pour moi. De plus, j'adore raconter des histoires, alors tout le plaisir fut pour moi, un plaisir accru par la publication de ce texte :) |
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Ombrefeuille |
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